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Tagadas, dragibus, boules de gommes et badaboum.
samedi 14 décembre 2002, par
Les additifs alimentaires sont souvent rendus responsables de réactions allergiques. Pourtant, les réactions allergiques IgE médiées sont rares, les autres mécanismes évoqués peu clairs. Ici, il s’agit de l’étude d’un cas d’allergie aux confiseries gélifiées. L’enquête permettra-t-elle de mettre la main sur le ou les responsables ?
Anaphylaxie après ingestion de bonbons gélifiés. : Amy M. Scurlock, MD Karen A. Althage, RN Lynn Christie RD A. Wesley Burks, MD Stacie M. Jones, MD Department of Pediatrics Division of Allergy and Immunology University of Arkansas for Medical Sciences Arkansas Children’s Hospital Little Rock, AR 72202 dans JACI December 2002, part 1 • Volume 110 • Number 6
Malgré le grand nombre d’additifs alimentaires, il n’existe qu’un petit nombre de réactions d’hypersensibilité documentées.
Les principaux additifs alimentaires qui ont été impliqués dans des réactions anaphylactiques médiées par les IgE comprennent les sulfites et les parabens.
D’autres additifs connus pour provoquer des réactions adverses sont les colorants, les nitrites, les antioxydants et les arômes. Toutefois, les mécanismes de ces réactions restent peu clairs.
La gélatine, stabilisant retrouvé dans des produits alimentaires et dans des vaccins, comme le ROR (rubéole, oreillons, rougeole), a été impliquée dans l’anaphylaxie.
Nous rapportons le cas d’une réaction anaphylactique juste après la prise de bonbons gélifiés qui a fait l’objet d’une enquête, dont le test de provocation orale à la gélatine était négatif, impliquant « des arômes naturels et artificiels » en tant qu’allergène.
– Une enfant de race blanche âgée de 3 ans et demi avait été adressée pour enquête pour 2 épisodes anaphylactiques faisant suite à l’ingestion de produits gélifiés.
– Le premier épisode apparaissait dans les 5 minutes de consommation de 2 paquets de « Farley’s Fruit Snacks » provoquant une urticaire et un érythème généralisés résolutifs sous antihistaminique oral.
– A peu près 6 mois plus tard, nouvel épisode après absorption de produits gélifiés préparés par un restaurant local, qui réalise un rash généralisé, angio-œdème, prurit avec fatigue, hypotension et sifflements thoraciques. Elle a reçu 2 doses d’adrénaline sous-cutanée, un aérosol-doseur d’Albuterol et une intraveineuse de Diphenhydramine et de Ranitidine.
– Entre ces 2 incidents, les parents rapportaient qu’elle avait consommé des produits gélifiés, avec seulement un érythème facial.
– Cette patiente n’avait pas de régime alimentaire restrictif, pas d’antécédents de réactions aux aliments, aux colorants ou aux médicaments.
– A peu près 8 semaines après le second épisode, les tests cutanés pratiqués à l’aide d’un bonbon gélifié rouge trempé dans l’eau étaient négatifs pour le gel et la solution, alors qu’il existait des réactions positives pour le vaccin ROR, l’extrait viande de porc, la gélatine porcine et la gélatine Knox.
– Les résultats des CAP RAST concernant la gélatine bovine et porcine et les aliments courants (lait, œuf, soja, blé, crevette, poisson et arachide) étaient négatifs.
– Un test de provocation alimentaire en ouvert avec les « Farley’s Fruit Snacks » ne provoquait aucun symptôme, alors que ce même test avec « Gold Bear Candy HARIBO » provoquait une urticaire après ingestion de 16 pièces. Ce test de provocation en ouvert à l’aide de « Nabisco Gummi Savers » et « Trolli Britecrawlers » provoquait aussi prurit et urticaire.
– Des tests de provocation contrôlés contre placebo en double-aveugle à l’aide de gélatine porcine (Nabisco) et de gélatine Knox restaient négatifs.
Du fait que la gélatine est un ingrédient ubiquitaire de la plupart des produits gélifiés, les vaccinations étaient ajournées.
Cependant, après un test de provocation alimentaire en double-aveugle contre placebo négatif et les résultats des CAP RAST à la gélatine, le ROR et le vaccin de la varicelle étaient administrés au moyen d’un protocole d’augmentation progressive des doses sans réaction adverse.
Le composant commun parmi les produits auxquels cette enfant a eu des réactions était les arômes naturels et artificiels. Les tentatives pour contacter les compagnies représentatives afin d’obtenir ces arômes naturels pour pratiquer des tests objectifs se sont révélés infructueux. Actuellement, la patiente continue d’éviter tous les produits gélifiés et dispose d’adrénaline.
A notre connaissance, c’est le premier cas rapporté d’allergie aux additifs chez un enfant souffrant de réaction anaphylactique après ingestion de bonbons gélifiés.
En 1989, Whal et Kleinhaus rapportaient un cas d’urticaire et de réaction orale chez une femme de 32 ans après ingestion de bonbons gélifiés aux fruits. Le RAST à la gélatine était positif et l’inhibition du RAST montrait une réaction croisée entre la gélatine et la gélatine contenu dans le produit.
Bien que les réactions allergiques à la gélatine aient été décrites en association produits alimentaires et vaccins, les tests réalistes ne révélèrent pas de réaction anaphylactique à la gélatine dans le cas que nous rapportons.
Précédemment, l’ingrédient commun « arômes artificiels et naturels » étaient suspecté en tant que responsable chez notre patient. Habituellement, les vendeurs ne sont pas favorables à la révélation des différents composants de leurs arômes.
A la lumière des complications graves potentielles qui peuvent être dues à la consommation de ces produits, la coopération avec l’industrie afin d’améliorer l’étiquetage de tous ces ingrédients est essentielle. La collaboration entre les organisations d’allergiques et la FDA pourrait participer à ces efforts.
Cette publication montre combien l’étude de cas est une exercice difficile. D’autant plus qu’elle touche ici le problème bien difficile de suspicion d’allergie à un additif alimentaire et encore plus celui des allergies aux arômes.
Elle n’a de valeur qu’en tant qu’exemple. Elle nous confirme que l’allergie vraie aux additifs est rare et nous rappelle la méthodologie diagnostique utilisée.
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