Nez et bronches : même combat !

vendredi 3 janvier 2003 par Dr Philippe Carré2237 visites

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Nez et bronches : même combat !

Nez et bronches : même combat !

vendredi 3 janvier 2003, par Dr Philippe Carré

Les muqueuses nasale et bronchique ont des caractères communs, et la plupart des asthmatiques ont une rhinite associée. Est-ce à dire qu’il y a des liens entre hyper-réactivité nasale et bronchique chez ces patients ? C’est le but de cette étude qui a évalué 51 patients avec rhinite allergique et asthme déclaré ou suspecté.

Relation entre la réactivité nasale et bronchique chez des patients ayant une rhinite allergique perannuelle avec asthme. : Koh YI, Choi IS. Division of Allergy, Department of Internal Medicine, Chonnam National University Medical School and Research Institute of Medical Science, Kwangju, Korea. dans Int Arch Allergy Immunol 2002 Dec ;129(4):341-7

Les muqueuses nasale et bronchique ont des similitudes et la plupart des patients asthmatiques ont aussi une rhinite, suggérant le concept d’ « une voie aérienne, une maladie ».

Bien que la plupart des études suggèrent la relation entre réactivité nasale et bronchique chez les patients avec rhinite allergique et asthme, peu ont été publiées concernant directement cette question.

  Le but de cette étude est d’étudier si la relation entre la réactivité non spécifique nasale et bronchique existe chez les patients avec une rhinite allergique perannuelle et un asthme.

 Méthodes.
* 51 patients avec rhinite allergique perannuelle et asthme prouvé ou suspecté ont eu des tests de provocation bronchique à la métacholine et nasale à l’histamine.
* La pente de modification du rapport des scores de symptômes nasaux au logarithme de la concentration d’histamine a été calculée par méthode de régression linéaire, de même que modification du rapport du score de symptômes nasaux à la somme des doses totales d’histamine reçues par les sujets.
* Le degré d’hyperréactivité bronchique (HRB) à la métacholine était considéré comme positif si la PC20 (concentration de métacholine entraînant une chute du VEMS de 20 %) était < à 4 mg/ml, douteux si la PC20 était  4 mais  à 16 mg/ml, et négatif si la PC20 était > à 16 mg/ml.
* Un autre index de réactivité bronchique (index RB) était calculé, correspondant au logarithme du rapport entre le % de baisse du VEMS et le logarithme de la concentration finale en métacholine en mg/dl, additionné de 10.

 Résultats :
* les moyennes géométriques de la pente (4.47 vs 2.95, p<0.05) et du rapport (1.68 vs 0.54, p<0.01) étaient plus élevés chez les patients avec HRB (n=23) que sans HRB (n=19).
* Les moyennes de la pente (3.5) et du rapport (1.13) chez les patients avec HRB douteuse (n=9) étaient intermédiaires entre les deux groupes.
* Chez l’ensemble des patients, le logarithme de la pente (r=0.48, p<0.001) et du rapport (r=0.51, p<0.001) étaient corrélés à l’index RB.
* Même chez les patients ayant une rhinite allergique avec un asthme prouvé, le logarithme de la pente était corrélé à l’index RB (r=0.39, p<0.05) ou au logarithme de la PC20 (r=-0.36, p<0.05).

 Conclusions  : la réactivité nasale non spécifique peut être corrélée à la réactivité bronchique non spécifique chez les patients présentant une rhinite allergique avec asthme, ce qui peut supporter le concept que la rhinite allergique et l’ asthme représentent un continuum inflammatoire atteignant une voie aérienne commune.


Les indices corrélés de réactivité bronchique et nasale non spécifiques évoluent de façon parallèle chez les patients atteints de rhinite allergique et d’asthme associé.

Ceci confirme une fois de plus les données antérieures sur les liens nez-bronches, que ce soit au plan anatomique, cellulaire ou physio-pathologique (un test de provocation in situ d’un organe peut s’accompagner d’une hyperréactivité mise en évidence au niveau de l’autre organe) ; de même au plan thérapeutique, plusieurs travaux antérieurs ont montré que les symptômes fonctionnels d’un des deux organes (nez ou bronches) pouvaient être améliorés par le traitement pharmacologique de l’autre organe.

De façon plus fondamentale, d’autres travaux ont montré que la prise en charge précoce spécifique (par immunothérapie) des symptômes de la rhinite allergique pouvait modifier le cours évolutif de la maladie allergique, en diminuant la fréquence d’apparition de la maladie asthmatique chez les enfants traités.

La difficulté d’interprétation de cette étude tient au caractère un peu complexe des indices de réactivité utilisés, mais ne change rien aux conclusions.

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