Comprendre nos barrières naturelles

samedi 11 mai 2002 par Dr Philippe Auriol9685 visites

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Comprendre nos barrières naturelles

Comprendre nos barrières naturelles

samedi 11 mai 2002, par Dr Philippe Auriol

La façon la plus efficace de ne pas développer d’allergie est encore de ne pas permettre le contact entre l’extérieur et notre système immunitaire.
Ce petit récapitulatif vous permttra de comprendre la structure de nos "barrières naturelles" et ainsi, sans médicaments d’améliorer vos allergies.

L’allergie
est donc une réaction inadaptée et exagérée
de l’organisme vis à vis de substances étrangères.

Cette
réaction n’existerait pas s’il n’y avait pas
faillite de notre plus vieux système de défense
au monde : la défense passive, appelée
aussi pompeusement "intégrité des
barrières".

Nous
disposons de deux interfaces trés différentes
que sont la peau et les muqueuses. La première
est une barrière épaisse, la deuxième
moins. Les manifestations des allergies varient donc
en fonction du lieu de contact mais les mécanismes
restent les mêmes.

1/
La peau :

La
peau ou épiderme est un organe suffisamment
complexe et impliqué par ses relations avec
l’extérieur qu’on lui a consacré en
France une spécialité médicale
à part entière : la dermatologie. Elle
représente 2m2 pour une personne de 75kg et
est directement exposée à l’extérieur.

L’épiderme
est donc la première et la plus efficace des
barrières contre la pénétration
de substances quelles qu’elles soient. Les systèmes
de protection dont il dispose sont multiples :

  • C’est
    d’abord sa flore microbienne, car son bon équilibre
    empêche toute prolifération d’envahisseurs
    et permet la dégradation des substances chimiques
    qui viendraient au contact. Les traitements antiseptiques
    et pire encore les détergents doivent donc
    être utilisés avec parcimonie.
  • C’est
    ensuite les sécrétions sébacées,
    elles disposent autour de nous un film protecteur
    qui englobe les particules en suspension et permettent
    leur élimination avec la desquamtion de la
    peau. Là aussi les détergents sont
    leur principal adversaire.
  • Puis
    vient la traditionnelle desquamation du stratum
    corneum
    (couche cornée) qui emmène
    avec elle la flore microbienne, les sécrétions
    sébacées et permet aux couches sous
    jacentes (stratum granulosum, stratum spinosum et
    stratum germinativum) de renouveller cette barrière,
    le renouvellement se fait en environ 30 jours.

Les
cellules immunitaires qui peuplent l’épiderme
sont :

  • Les
    cellules de Langherans, représentant de 2
    à 4% de la population cellulaire totale de
    l’épiderme. Elles sont mobiles et autonomes
    avec des capacités de CPA (cellules présentatrices
    d’antigènes). Elles sont actuellement considérées
    comme les cellules clés de l’immunité
    cutanée.
  • Les
    cellules de Merckel, qui forment avec les terminaisons
    nerveuses les fameux "disques de Merckel".
  • Les
    mélanocytes, au niveau de la couche basale,
    ils sont producteurs de radicaux libres en cas de
    stimulation par les UV.
  • Les
    kératinocytes, longtemps considérés
    comme "cellules à desquamer", ils
    ont dorénavant fait la preuve de leur rôle
    actif comme premières sentinelles vis à
    vis des agresseurs.

Le
derme, situé sous l’épidermen est un
tissu conjonctif extrêmement fibreux et élastique
avec essentiellement des cellules "fixes".
Il est doté d’un important réseau vasculaire
et nerveux, son rôle est d’assurer la nutrition,
le soutien et l’élasticité.

L’hypoderme,
encore en dessous, est le feuillet le plus profond
de la peau essentiellement formé de tissu conjonctif
lâche, il est une barrière physique efficace...

2/La
muqueuse

Ou
plutôt les muqueuses...leur protection est bien
plus légère.

  • la
    flore locale :elle permet là aussi un bon
    équilibre et assure une protection enzymatique.
    Concernant les allergies il est à noter que
    les bactéries de notre flore digestive sont
    responsables de la synthèse de grande quantité
    d’histamine ou de tyramine et peuvent donc être
    source d’urticaires "toxiques" (appellées
    aussi fausses allergies alimentaires).
  • Les
    sécrétions muqueuses :leur qualité
    est primordiale pour une protection efficace. Ces
    sécrétions fixent les particules aériennes
    et en assurent l’évacuation et la dégradation.
    D
    e
    plus on y trouve des anticorps particuliers (les
    IgA muqueuses) qui fixent les particules étrangères
    et les rendent ainsi inertes. Ces sécrétions
    sont évacuées mécaniquement
    grâce aux cils des cellules ciliées.
  • La
    muqueuse bénéficie également
    d’un cycle cellulaire qui permet son renouvellement
    en 6 heures.
  • Le
    chorion, trés vascularisé est riche
    en mastocytes, macrophages, lymphocytes et polynucléaires
    neutrophiles.
  • Enfin,
    la muqueuse bénéficie d’une petite
    originalité qui l’a faite qualifiée
    de MALT (mucosal associated lymphoid Tissue).
    La sensibilisation faite en un lieu muqueux donne
    naissance à une migration de lymphocytes
    T mémoire vers les lamina propria (base de
    la muqueuse)de toutes les muqueuses. La désensibilisation
    en sublinguale utilise efficacement ce principe.

Un
cas particulier, l’oeil
. Ici ce sont les
larmes, leur qualité et leur quantité
qui font office de barrière. On y parle de
bouclier lacrimal.

Vous
l’avez compris, le rôle des interfaces de contact
est primordial
. Les mesures d’hygiène sont
à la base de la prévention des allergies :

  • pas
    de détergents

    ni sur la peau ni sur les muqueuses
  • pas
    d’usages d’antiseptiques
    ou d’antibiotiques
    injustifiés
  • pas
    d’usage d’irritants
    physiques ou chimiques
  • un
    lavage mécanique doux

    pour la peau avec des bases lavantes et un lavage
    au sérum physiologique des fosses nasales.

mens
sana in corpore sano :-)

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