Faut-il faire la chasse aux acariens dans son lit ?

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Faut-il faire la chasse aux acariens dans son lit ?

Faut-il faire la chasse aux acariens dans son lit ?

vendredi 7 février 2003, par Dr Philippe Carré

C’est devenu très à la mode de discuter des rapports entre charge allergénique et manifestations respiratoires : une charge élevée protège-t-elle contre la survenue de symptômes ? Cette théorie dite « hygiéniste » a été testée dans cette étude chez des enfants exposés aux acariens dès la naissance.

Relation entre l’exposition allergénique aux acariens dans les chambres des enfants et le diagnostic d’hyperréactivité bronchique (HRB) et d’asthme à l’âge de 6 à 7 ans. : Carter PM, Peterson EL, Ownby DR, Zoratti EM, Johnson CC. Henry Ford Health System, Division of Allergy, Detroit, Michigan, USA. pmcmd@att.net dans Ann Allergy Asthma Immunol 2003 Jan ;90(1):41-4

 Hypothèse. Plusieurs études ont suggéré que l’exposition aux acariens de la poussière (AP) dans l’enfance augmente le risque de développer de l’asthme.

 Objectif. Déterminer si l’exposition à des niveaux élevés d’acariens dans l’enfance augmentait le risque de développer une HRB ou un asthme diagnostiqué par un médecin à l’âge de 6 à 7 ans.

 Méthodes.
* Une cohorte de 97 enfants de classe moyenne, en zone suburbaine, nés de 1987 à 1989, avec un taux élevé d’IgE dans le sang du cordon ( 0.56 IU/l) a été suivie dans le cadre d’une étude sur l’allergie infantile.
* Pendant les 2 premières années de leur vie, des recueils mensuels de poussières dans les chambres ont été collectés et analysés à la recherche des acariens Der f 1 et Der p 1.
* Entre l’âge de 6 et 7 ans, 64 enfants de la cohorte initiale ont répondu à un questionnaire visant à déterminer l’existence d’un asthme diagnostiqué médicalement, et ont eu un examen clinique, des prick-tests et un test d’inhalation à la métacholine.
* Un test de Mann-Whitney a été utilisé pour comparer les taux de Der f 1 et Der p 1 dans les maisons des enfants avec ou sans HRB, et chez ceux avec un asthme diagnostiqué ou non.

 Résultats.
* En tout, 1421 recueils de poussières ont été collectés et analysés.
* Aucune différence significative n’a été vue dans les valeurs moyennes, maximales ou minimales de niveaux d’acariens, chez les enfants avec ou sans HRB ou avec ou sans asthme.
* Cependant, la sensibilisation aux acariens était associée avec l’existence d’un asthme (p< 0.05).

 Conclusions. Comparée à d’autres études, il a été possible d’estimer de façon correcte le niveau d’exposition aux acariens par des recueils répétés sur une période relativement longue. Bien qu’il y ait une relation entre la sensibilisation et l’asthme, il n’a été possible de trouver aucune relation entre le niveau d’exposition aux acariens dans la chambre des enfants dans la prime enfance et le développement d’une HRB ou d’un asthme à l’âge de 6 à 7 ans.


A cette époque où tout est remis en question, il est rassurant de confirmer qu’il existe toujours un rapport entre sensibilisation aux acariens et apparition de symptômes respiratoires chez des enfants atopiques (sur la foi d’un taux élevé d’IgE dans le sang du cordon à la naissance).

Par contre, dans cette étude, l’importance du degré de la charge en acariens n’apparaît pas être un facteur prédictif de troubles respiratoires. On peut faire le ménage, mais sans trop s’attarder dans les coins !

33 enfants manquent à l’appel en fin d’étude : pourquoi ? Il auraient peut-être changé le résultat final.

Par ailleurs, la fiabilité de la détection des acariens varie en fonction des méthodes utilisées.

On voit bien que des conclusions définitives sont difficiles à affirmer dans ces études souvent contradictoires de la littérature, et que des normes fiables de détection de la charge en allergènes seraient souhaitables.

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