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Les bronches ont-elles du nez ?
mercredi 5 mars 2003, par
Les liens nez-bronches sont connus : plus de 80 % des asthmatiques ont une rhinite associée, et plus de 20 % des rhinitiques ont un asthme associé, ce qui plaide pour le concept de « maladie rhino-bronchique ». Mais toutes les rhinites (perannuelles ou saisonnières) ont-elles le même pouvoir asthmogène ?
Hyper-réactivité bronchique chez l’adulte avec rhinite saisonnière et perannuelle : y a-t-il un lien entre asthme et rhinite ? : Riccioni G, Della Vecchia R, Castronuovo M, Di Pietro V, Spoltore R, De Benedictis M, Di Iorio A, Di Gioacchino M, Guagnano MT. Respiratory Pathophysiology Center, Dept Internal Medicine, University of Chieti, School of Medicine, Chieti, Italy. dans Int J Immunopathol Pharmacol 2002 Jan-Apr ;15(1):69-74
– Contexte. Des études épidémiologiques ont montré que l’asthme et la rhinite coexistent souvent chez les mêmes patients, et la prévalence de l’asthme est plus importante chez les patients avec rhinite.
– But de l’étude. Évaluer les différences de réactivité bronchique chez des sujets avec rhinite saisonnière et perannuelle.
– Méthodes.
* 128 sujets avec rhinite allergique saisonnière ou perannuelle ont été divisés en 3 groupes :
** groupe A rhinite perannuelle avec allergie à Dermatophagoides Pteronyssinus ;
** groupe B avec rhinite saisonnière et allergie aux graminées et à la pariétaire, et réalisation d’un test à la métacholine (TM) pendant la période d’exposition (mars à mai) ;
** groupe C avec rhinite saisonnière et allergie aux graminées et à la pariétaire, et réalisation d’un TM en dehors de la période d’exposition (juin à février).
– La moyenne des valeurs de PC20 du groupe A 1774.8 +- 20.7) et du groupe B (1740.7 +-38.8) n’étaient pas significativement différentes, mais étaient plus basses que celles du groupe C (3010 +-56.9) (p=0.001).
– Les sujets du groupe A avaient un TM positif dans 54.4 %, contre 29.8 % dans le groupe B et 11.62 % dans le groupe C (p=0.007).
Les résultats montraient des différences dans le degré de réactivité bronchique. Les courbes dose/réponse montraient une PC 20 plus basse dans le groupe avec rhinite perannuelle et une différence statistiquement significative de réactivité bronchique entre les 3 groupes (p=0.007).
Cette étude montre que l’hyperréactivité bronchique (HRB) est fréquente dans la rhinite, et qu’il existe des différences en fonction des types différents de rhinite : l’HRB est de même niveau dans la rhinite perannuelle et la rhinite saisonnière en période d’exposition pollinique, alors qu’elle est beaucoup plus basse chez les polliniques en dehors de la période d’exposition (où la PC20 est plus élevée, c’est à dire qu’il faut une dose de métacholine plus importante pour obtenir une modification de 20 % de la réactivité bronchique) ; ceci témoigne vraisemblablement d’une inflammation bronchique plus importante en cas d’exposition aiguë à des doses d’allergène (pollinique) importantes ; ceci peut avoir des implications thérapeutiques en terme de traitement préventif en saison pollinique.
Par ailleurs, le degré d’hyper-réactivité bronchique ( courbe dose/réponse) est par contre plus important dans la rhinite perannuelle que saisonnière, ce qui peut s’expliquer par le maintien d’une exposition allergénique chronique ou par un potentiel plus inflammatoire des acariens, ce qui reste à démontrer.
Les liens nez-bronches sont donc pertinents, et la rhinite est bien un facteur de risque potentiel d’asthme par le biais de l’induction d’une HRB.
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