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Quand on est tétanisé, on s’en souvient au moins cinq ans.
dimanche 16 mars 2003, par
Les réactions aux vaccins sont peu fréquentes, dominées par celles en rapport avec les vaccins cultivés sur œuf. Mais la vaccination anti-tétanique (la plus fréquente), s’accompagne rarement de réaction allergique ; dans ce cas se pose le problème du bilan allergologique à distance : pendant combien de temps sera-t-il fiable ?
Allergie immédiate au vaccin anti-tétanique : détermination des IgE et des IgG aux protéines allergéniques. : Mayorga C, Torres MJ, Corzo JL, Alvarez J, Garcia JA, Rodriguez CA, Blanca M, Jurado A. Research Unit for Allergic Diseases, Carlos Haya Hospital, Malaga, Spain dans Ann Allergy Asthma Immunol 2003 Feb ;90(2):238-43
– Contexte.
* Les réactions anormales à l’anatoxine tétanique (AT) sont en règle modérées et limitées au site d’injection. Cependant, des réactions IgE-dépendantes peuvent survenir, et l’incidence des réactions anaphylactiques à l’AT est de 0.001%.
* Quand l’AT induit une réaction allergique, les agents potentiels impliqués sont les antigènes tétaniques, le thiomersal ou le phosphate d’aluminium (PA).
– Objectif. L’étude de 4 enfants qui ont développé une urticaire immédiate après vaccination anti-tétanique (AT), aussitôt après la réaction et 5 ans plus tard.
– Méthode.
* Des tests cutanés ont été réalisés séparément avec le vaccin AT et deux composants vaccinaux : le thiomersal et le phosphate d’aluminium, et le diagnostic confirmé par un test de provocation.
* Les IgE et les IgG à l’AT et leurs spécificités ont été déterminées.
* Une électrophorèse en gel et un immunoblotting ont été réalisés pour caractériser les protéines antigéniques.
– Résultats.
* Les 4 enfants avaient des réactions cutanées immédiates à l’AT, mais négatives au thiomérsal et au PA ;
* 3 ont développé une réaction après un test de provocation intra-musculaire par des doses croissantes d’AT, 1 ayant refusé d’être testé.
* Tous ces tests étaient négatifs chez des sujets contrôles, tous ayant reçu le vaccin AT et développé seulement un oedème local au site d ’injection 24 heures après.
* Au bout de 5 ans, les IgG étaient toujours élevées chez tous les patients, et le taux des IgE avait chuté de 50%.
* Les patients allergiques au vaccin ont produit des IgE et des IgG, dont le taux a diminué de façon variable mais a persisté pendant au moins 5 ans. La chute des anticorps a été confirmée par un RAST, un test d’immuno-adsorption enzymatique, ou un immunoblot.
* Les IgE et les IgG reconnaissaient deux protéines dérivées de l’AT, de 150 et 50 kDa, correspondant à une forme intra-cellulaire et à une chaîne de la forme extra-cellulaire de la neurotoxine tétanique.
– Conclusion. Chez des enfants avec réaction allergique immédiate au vaccin anti-tétanique, les anticorps peuvent persister pendant au moins cinq ans, nécessitant une évaluation par des tests cutanés ou in vitro avant un injection suivante.
Les réactions allergiques IgE-dépendantes au vaccin anti-tétanique sont exceptionnelles. A partir de 4 cas, les auteurs montrent que l’allergie est bien en rapport avec l’AT et pas avec les conservateurs, l’allergie étant prouvée par un test de provocation.
La cinétique des anticorps à distance suit celle habituellement rencontrée dans les réactions IgE-dépendantes : baisse progressive des IgE et hausse des IgG spécifiques ; cette cinétique est retrouvée cinq ans après la réaction clinique, délai qui permet d’envisager à distance la réalisation d’un bilan allergologique.
Quoiqu’il en soit, même en cas de réaction allergique, il est rare de ne pas pouvoir assurer une vaccination, des protocoles d’accoutumance ayant été mis au point et permettant dans la plupart des cas de mener à bien les vaccinations.
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