Accueil du site > Allergènes > Aériens > Animaux > Faut-il tuer tous les chats ?

Faut-il tuer tous les chats ?
mardi 16 décembre 2003, par
Le chat fait couler beaucoup d’encre, de longue date chez les écrivains, et de plus en plus souvent chez les scientifiques. Ces auteurs suédois cherchent à montrer que plus on est en contact avec les chats plus on devient tolérant à ces animaux domestiques. La caution scientifique fait appel à la fonction Th2.
L’exposition au chat à un haut degré est associée à une tolérance clinique. Une modification de la réponse immune Th2 ? : Hesselmar B, Aberg B, Eriksson B, Bjorksten B, Aberg N.
Sahlgrenska Academy of Goteborg University, Sweden Nordic School of Public Health, Goteborg, Sweden Centre for Allergy Research and Institute of Environmental Medicine, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden
dans Clin Exp Allergy. 2003 Dec ;33(12):1681-5.
– CONTEXTE.
Il a été suggéré que les anticorps IgG4 spécifiques des allergènes peuvent être protecteur à l’encontre du développement de l’allergie par une réponse bloquante.
Le taux de ces anticorps a été proposé comme marqueur d’une modification de la réponse Th2.
– OBJECTIFS.
Evaluer le taux des IgE, IgG1 et IgG4 spécifiques du chat ; l’asthme et les autres manifestations allergiques en fonction de l’exposition au chat.
– METHODES.
* Nous avons étudié un échantillon de population de 412 enfants d’âge scolaire âgés de 12 à 13 ans.
* Les parents de 402 de ces enfants ont rempli un questionnaire concernant les antécédents médicaux de leur enfant, la possession d’un chat et toutes les autres données contextuelles.
* Les tests cutanés de l’allergie immédiate (prick-tests) concernant les aéroallergènes courants ont été pratiqués chez 371 de ces enfants.
* Des échantillons sanguins afin de doser des IgE, IgG1 et IgG4 ont été obtenus chez 309 d’entre eux.
– RESULTATS.
* Tous les enfants ont une réponse immune au chat prédominante IgG1.
* Les taux des IgG1 et IgG4 spécifiques du chat, mais pas des IgE, étaient élevés chez les enfants étant en contact régulier avec un chat.
* Les enfants asthmatiques avaient une augmentation des taux d’IgE et d’IgG1 spécifiques du chat, et les enfants ayant des prick-tests positifs au chat avaient aussi une augmentation des IgG4.
* La présence d’IgG4 n’était pas associée à l’asthme ou à la sensibilisation, à moins qu’il y ait une augmentation simultanée de la production d’IgE.
* Vingt-cinq p. cent des enfants avaient une réponse immune avec les seules IgG4, sans réponse IgE.
* Ce groupe d’enfants avait une haute fréquence de contact avec les chats, mais une prévalence similaire de l’asthme et de l’allergie comme ceux n’ayant ni IgE ou IgG4 spécifiques du chat.
– CONCLUSION.
* Le contact avec le chat était associé à une modification de la réponse Th2, produisant des IgG4 mais pas des IgE.
* Cette réponse immune n’était pas associée à une augmentation du risque d’asthme ou d’allergie.
* Cependant, les IgG4 n’étaient pas directement impliquées dans un quelconque effet protecteur.
Cette étude suédoise mérite bien des commentaires.
A la lecture de ce résumé d’article, il est facile de deviner que les auteurs avaient déjà une idée préconçue sur l’allergie et le chat.
Il s’agit d’une étude qui tente de relier des données rétrospectives (données du questionnaire), ces données faisant ressortir la fréquence de contact avec le chat, à l’absence d’apparition des maladies allergiques.
C’est ce qu’on appelle une étude cas-témoins, réalisant la démarche inverse d’une étude de cohorte qui est une étude de suivi ; ici on se penche plus sur le passé que sur le devenir, avec tous les risques d’erreurs que cela comporte.
Le problème est que l’on n’a pas de groupe témoin !
Ici, le propos était de vérifier que plus les enfants sont exposés au chat au domicile ou en tous cas dans la vie privée, plus ils sont protégés de l’allergie au chat.
Quelle valeur accorder à ce critère alors que nombre de publications confirment que l’allergène du chat est ubiquitaire dans tous les lieux publics et surtout dans les classes des écoles, il faut se rappeler qu’il s’agit d’enfants d’âge scolaire.
Autre biais grossier, que dire du manque de recueil de données lorsque l’on constate que 7,7 p. cent de l’effectif n’a pas subi de tests cutanés et encore plus fort que 23 p. cent n’ont pas fait l’objet d’un bilan biologique.
Une précision manquante aussi, le questionnaire aborde-t-il les raisons qui conduisent les parents à éviter que leur enfant ait un contact avec la gente féline : hasard ou nécessité ?
Il s’agit peut-être de familles atopiques qui consciemment ou intuitivement évitent les contacts allergisants.
Ainsi, cette étude serait complètement biaisée.
Bien sûr que les enfants sans chat ont tous les critères anamnestiques, de tests cutanés et biologiques de l’allergique puisqu’ils le sont.
Bien sûr que les autres qui vivent sans problème avec le ou les chats n’ont que peu ou aucun de ces critères positifs, ils ne sont pas allergiques.
Compte tenu de ces remarques, toutes les analyses faites par les auteurs sur les résultats sont de l’ordre des supputations de thème astral.
Recevez les actualités chaque mois