Cyprès : et pourtant, il y a encore du chemin à faire...

mercredi 14 avril 2004 par Dr Hervé Couteaux16389 visites

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Cyprès : et pourtant, il y a encore du chemin à faire...

Cyprès : et pourtant, il y a encore du chemin à faire...

mercredi 14 avril 2004, par Dr Hervé Couteaux

Pollinose hivernale du pourtour méditerranéen, l’allergie aux pollens de cyprès pose des problèmes diagnostiques et thérapeutiques. La caractérisation de l’allergène en cause, objet de cette étude espagnole, permettra de progresser dans la prise en charge de cette pathologie, très largement répandue dans les zones concernées.

Quantification de l’allergène majeur du pollen de Cyprès ( Cupressus arizonica), Cup a 1, par anticorps monoclonaux-ELISA. : Arilla MC, Ibarrola I, Garcia R, De La Hoz B, Martinez A, Asturias JA.

Research and Development Department, Bial-Aristegui, Bilbao, Spain.

dans Int Arch Allergy Immunol. 2004 ;134(1):10-16

 Contexte  :

  • l’allergie aux pollens de Cyprès est une cause importante de rhino-conjonctivite et d’asthme dans les pays méditerranéens.
  • Les extraits de pollens de Cyprès sont difficiles à produire car ils ont un contenu riche en carbohydrates et pauvre en protéines, c’est pourquoi une standardisation précise est essentielle pour garantir leur qualité.

 Le but de cette étude est de développer un sandwich ELISA pour la quantification de Cup a 1, l’allergène majeur de l’extrait de pollen de Cyprès (Cupressus arizonica).

 Méthode  :

  • on a produit des anticorps monoclonaux dirigés vers du Cup a 1 purifié.
  • Deux d’entre eux (9C7 anticorps de capture et 3D2 comme traceur) ont été sélectionnés pour développer un sandwich ELISA quantitatif.
  • Cet ELISA a été ensuite évalué et comparé à d’autres techniques.

 Résultats :

  • l’ELISA décrit est très sensible avec une limite de détection de 8,7 ng/ml et une gamme de travail de 62,5-1,000 ng/ml.
  • Le dosage a été également hautement reproductible avec des coefficients de variations intra et inter-essai de moins de 10%.
  • Le Cup a 1 purifié, utilisé en standard, présente une activité enzymatique pectate lyase.
  • Le test a aussi détecté des protéines Cup a 1-like chez d’autres Cupressaceae.
  • Une bonne corrélation a été obtenue entre le contenu en Cup a 1 de 12 extraits de C.arizonica et leur activité de liaison avec les IgE.

 Conclusions :

  • l’ELISA Cup a 1 décrit est sensible, spécifique et reproductible et peut être utilisé pour la quantification de Cup a 1 dans les extraits de pollens de C.arizonica et d’autres espèces voisines.
  • Il fournit également une indication fiable de l’activité allergénique de l’extrait brut de pollen de Cyprès.

L’allergène majeur Cup a 1 a été isolé à partir du pollen de Cupressus arizonica. Il a été retrouvé dans d’autres Cupressaceae, malheureusement sans précision d’espèces.

Il aurait été particulièrement intéressant de s’intéresser au pollen de Juniperus ashei, retenu jusque là comme standard en exploration tant qu’en ITS.

Pollinose du cyprès  : petit rappel pour les gens du Nord...

Soleil, chaleur et vent, caractéristiques du climat méditerranéen, sont responsables de pics polliniques énormes ( 5000 grains/m3 à la mi-Mars 2003 à Montpellier).

Son épidémiologie est particulière, concernant les âges extrêmes. On l’observe dès 2 à 3 ans et parfois chez des personnes âgées.

Elle touche surtout des « transplantés », 2 à 3 ans après leur arrivée dans la région, tandis que les « autochtones » paraissent mieux résister.

Les signes cliniques sont sévères, rhinite, conjonctivite, asthme et quelques manifestations cutanées.

Nous avons évoqué les difficultés diagnostiques en raison de faux négatifs aux tests cutanés, moins fréquents depuis l’utilisation de Juniperus ashei.

Il faut signaler, comme dans nombres de pollinoses, la présence d’allergies croisées (pêche, tamarin,...) pas encore toutes validées.

Les IgE spécifiques ne sont pas toujours retrouvées, ce qui nous ramène à une caractérisation allergénique perfectible.

Du point de vue thérapeutique, le traitement sera préventif dans l’idéal, pour éviter le « priming effect ».

En saison, il est fréquent d’attaquer par une corticothérapie orale en cure courte en début de pollinisation. Le relais est classiquement pris par les anti-H1 et les corticoïdes locaux.

L’ITS en pré et co-saisonnier est efficace et bien tolérée.

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