Si ta peau t’embête, surveille ton assiette !

lundi 20 septembre 2004 par Dr Hervé Couteaux2819 visites

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Si ta peau t’embête, surveille ton assiette !

Si ta peau t’embête, surveille ton assiette !

lundi 20 septembre 2004, par Dr Hervé Couteaux

La dermatite atopique est une pathologie complexe. Sujet controversé, la place de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique est de plus en plus documentée. Puisse cette revue de la littérature être le coup de marteau qui enfoncera définitivement le clou !

Rôle de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique : Werfel T, Breuer K.

Hannover Medical University, Hannover, Germany

dans Curr Opin Allergy Clin Immunol. 2004 Oct ;4(5):379-385

 But de la revue :

  • l’allergie alimentaire et la dermatite atopique surviennent souvent chez le même patient.
  • En se basant sur les données des quelques décades passées, il est clair que des aliments tels que le lait de vache et les œufs de poule peuvent directement provoquer des poussées de dermatite atopique, particulièrement chez des enfants sensibilisés, tandis que les allergènes inhalés et les aliments croisés avec les pollens ont plus d’importance chez les enfants plus âgés, les adolescents et les adultes.
  • Parce que le rôle et l’immunologie de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique reste controversé, nous avons ici passé en revue les données traitant principalement de l’eczéma et de l’allergie alimentaire.

 Données récentes  :

  • des études cliniques ont révélé que plus de 50% de tous les enfants atteints de dermatite atopique qui peuvent être exacerbées par certains aliments vont réagir par une aggravation isolée de leur eczéma ou associée à des symptômes immédiats.
  • Les adolescents et les adultes réagissent aussi aux aliments, mais les réactions aux allergènes alimentaires « classiques » comme les œufs et le lait de vache ne sont pas aussi fréquentes que chez les enfants.
  • Des sous-groupes d’enfants et d’adultes atteints de dermatite atopique réagissent cependant aux aliments croisés avec les pollens.
  • Il apparaît que les réponses associées aux IgE et les réponses médiées par les cellules T indépendantes sont impliquées dans les réactions eczémateuses cliniques.

 Résumé :

  • l’eczéma induit par la nourriture devrait être diagnostiqué au cours d’une procédure diagnostique minutieuse, prenant en compte l’histoire du patient, le degré de sensibilisation et la pertinence clinique de cette sensibilisation.
  • D’avantages d’études cliniques et immunologiques sont nécessaires pour éclaircir la physiopathologie et les différents degrés de réponse clinique à différents produits alimentaires chez des patients atteints de dermatite atopique.

On est un peu déçu du manque de précision de cette revue allemande qui se borne à rappeler que l’allergie alimentaire joue un rôle non négligeable dans le déclenchement de poussées et l’aggravation de la dermatite atopique.

Les aliments en cause sont plus volontiers les œufs et le lait chez les petits tandis que d’autres aliments et notamment les aliments des groupes pollens concernent les plus grands et les adultes.

Dans quel pourcentage de cas de dermatite atopique cette allergie alimentaire intervient elle ? et quels sont les résultats que l’on peut attendre de la prise en compte de cette allergie ?
Et bien d’autres questions dont nous n’avons pas les réponses malgré un nombre croissant d’études sur la dermatite atopique (pour mémoire, une conférence de consensus est prévue en Octobre prochain à Paris)

Parmi d’autres, rappelons l’étude suédoise que commentait Fabienne Rancé sur le devenir des dermatites atopiques chez les enfants. Cette étude retrouvait un pourcentage élevé de sensibilisations alimentaires (69% pour les formes sévères et 53% pour les formes modérées) dont environ 60% réagissaient à l’aliment. L’allergie alimentaire n’avait toutefois pas été confirmée par des tests de provocation orale, étalon-or du diagnostic.

La prévalence de la dermatite atopique est en augmentation explosive en Europe, et l’allergie alimentaire y joue un rôle dans 30 à 60% des cas, selon les études et les tranches d’âge concernées.

En 2001, de nouvelles recommandations ont été publiées dans la revue « Pediatric Allergy and Immunology » pour la prise en charge diététique des enfants atteints de dermatite atopique : pour l’essentiel :

  • En prévention : l’allaitement maternel est recommandé pour tous les nourrissons pendant les 4 à 6 premiers mois de vie.
    Pour les nourrissons non allaités, une formule hydrolysée très poussée est conseillée
  • Pour le traitement : l’éviction totale de l’aliment incriminé est recommandée, sans pour autant tomber dans les excès d’évictions « sauvages » d’aliments n’étant à l’origine que d’une simple sensibilisation.

Pour les nourrissons atteints d’allergie aux protéines de lait de vache et nourris au biberon, une formule à hydrolyse très poussée sera utilisée. Très rarement, des formules à base d’acides aminés libres peuvent être recommandées.

La diversification alimentaire (pas avant le 5ème mois) sera prudente et sélective : les œufs, les poissons et fruits de mer, sont à éviter jusqu’à l’âge de 12 mois. Cacahuètes et fruits à coque (noix, noisettes, amandes, pistaches, pignons, noix de cajou, noix du Brésil, noix de pécan ...) sont interdits jusqu’à l’âge de 4 à 5 ans.

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