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L’AA dans la DA, c’est le B.A. BA !
vendredi 8 octobre 2004, par
La place de l’allergie alimentaire (AA) dans la dermatite atopique (DA) a été longtemps ignorée ou carrément niée. Elle reste aujourd’hui discutée, d’autant que le sujet est complexe et que cette pathologie est fondamentale, car elle inaugure souvent la marche de l’allergie et que sa prise en charge conditionne, au moins partiellement, la suite. Qu’en est il actuellement ?
Rôle de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique : Werfel, Thomas ; Breuer, Kristine
dans Current Opinion in Allergy & Clinical Immunology. 4(5):379-385, October 2004
– Objectifs de la revue :
- L’allergie alimentaire et la dermatite atopique se rencontrent souvent chez le même patient.
- En se basant sur les données cliniques des quelques décades passées, il est clair que des aliments tels que le lait de vache et les oeufs de poule peuvent provoquer directement des poussées de dermatite atopique, particulièrement chez les enfants sensibilisés, tandis que les allergènes inhalés et des aliments du groupe pollens sont plus importants chez les autres enfants, adolescents et adultes.
- Le rôle et immunologie de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique reste controversés, c’est pourquoi nous avons passé en revue ici les données concernant principalement l’eczéma et l’allergie alimentaire.
– Découvertes récentes :
- Des études cliniques ont révélé que plus de 50 % de tous les enfants présentant une dermatite atopique pouvant être exacerbée par certains aliments vont réagir avec une aggravation isolée de leur eczéma ou associé à des symptômes immédiats.
- Les adolescents et les adultes réagissent aussi aux aliments, mais les réactions aux allergènes alimentaires « classiques » tels que les oeufs et le lait de vache ne sont pas aussi fréquents que dans l’enfance.
- Des sous-groupes d’enfants et d’adultes avec dermatite atopique réagissent cependant aux aliments du groupe pollens.
- Des mécanismes IgE-dépendants et des réponses indépendantes des cellules T semblent impliquées dans les réactions eczémateuses cliniques.
– Résumé :
- L’eczéma induit par les aliments devrait être seulement diagnostiqué par une procédure diagnostique suivie, prenant en compte l’histoire du patient, le degré de sensibilisation et la pertinence clinique de cette sensibilisation.
- Des études cliniques et immunologiques complémentaires sont nécessaires afin de préciser la physiopathologie et les différents taux de réponses cliniques aux divers aliments chez les patients atteints de dermatite atopique.
Oui, l’allergie alimentaire a sa place dans la dermatite atopique, c’est ce que rappelle à certains cette revue de la littérature qui limite ses conclusions en ces termes : la recherche d’une allergie alimentaire doit faire l’objet d’une procédure diagnostique complète, incluant l’histoire personnelle et familiale du sujet, ainsi qu’un certain nombre d’explorations.
Nous avons besoin d’un complément d’études cliniques et immunologiques afin de clarifier les mécanismes en cause.
Selon les estimations, la place de l’allergie alimentaire dans la dermatite atopique oscille entre 33 et 46 %.
La sensibilisation peut avoir lieu in utero, par l’intermédiaire du lait maternel ou par une exposition précoce à l’allergène, et pas seulement par voie digestive.
Rappelons qu’il n’y a pas d’âge inférieur pour rechercher une allergie, et que la démarche diagnostique fait appel au relevé des antécédents, à des tests cutanés comportant notamment des prick à certains aliments natifs, des patch tests, des dosages d’IgE spécifiques ainsi que des tests de provocation oraux.
La biologie n’est pas indispensable, elle est surtout utile pour des aliments dont on a pu déterminer des seuils de positivité (notamment pour des protéines animales) . Rappelons que pour les allergènes cités dans l’étude, des seuils d’IgE spécifiques de 6 pour le blanc d’oeuf et de 32 pour le lait de vache avaient été proposés par Sampson (pour une valeur prédictive positive de 95 %) tandis que des travaux plus récents préconisaient de retenir comme valeur seuils 10 pour le blanc d’oeuf et 46 pour le lait de vache (en CAP system, toujours pour une V. P. P. de 95 %)
L’allergie aux protéines du lait de vache guérit dans 50 % des cas à trois ans et 66 % des cas à cinq ans ; tandis que l’allergie au blanc d’oeuf guérit dans 50 % des cas à trois ans.
Des études complémentaires sont bien entendues nécessaires tant au niveau de la compréhension des mécanismes en cause dans cette pathologie eczémateuse que de la répercussion que pourrait avoir sa prise en charge dans la suite des événements de la marche de l’allergie.
D’ores et déjà, il paraît difficilement compréhensible qu’une prise en charge bien conduite de la dermatite atopique n’inclut pas systématiquement la recherche d’une composante allergique, notamment alimentaire, quel que soit l’âge de l’enfant, et ceci, bien entendu, sans méconnaître le caractère polyfactoriel de cette affection.
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