Pour une bonne soupe aux allergènes d’armoise, vous prenez une pêche et de la pariétaire...

samedi 16 octobre 2004 par Dr Hervé Couteaux4231 visites

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Pour une bonne soupe aux allergènes d’armoise, vous prenez une pêche et de la pariétaire...

Pour une bonne soupe aux allergènes d’armoise, vous prenez une pêche et de la pariétaire...

samedi 16 octobre 2004, par Dr Hervé Couteaux

Allergie au pollen, allergie au pollen d’herbacée, allergie au pollen d’armoise, allergie aux protéines transporteuses de lipides... Du macroscopique au moléculaire, sans faire (beaucoup) de bruit, c’est une véritable révolution qui est en marche, et pas seulement théorique...

Prévalence de la sensibilisation aux allergènes Art v 1, Art v 3 et Art v 60kDa d’Artemisia. Réactivité croisée entre Art v 3 et d’autres allergènes correspondants du groupe des protéines de transfert lipidique. : M. Lombardero*, F. J. García-Sellés, F. Polo*, L. Jimeno*, M. J. Chamorro*, G. García-Casado, R. Sánchez-Monge, A. Díaz-Perales, G. Salcedo and D. Barber*

*Dept. I+D, ALK-Abelló SA, Madrid, Spain, Hospital Virgen de la Arrixaca, Murcia, Spain and Dept. Biotecnología, ETS de Ingenieros Agrónomos, Madrid, Spain

dans Clinical & Experimental Allergy 34 (9), 1415-1421

 contexte :

  • Artemisia vulgaris est une herbacée largement répandue dans la zone Méditerranéenne et plusieurs allergènes ont été détectés dans son pollen.
  • L’un d’entre eux, Art v 3, appartient aux protéines de transfert lipidique (LTP : lipid transfert protein) et sa prévalence parmi les patients sensibilisés à Artemisia ainsi que les rapports avec les autres allergènes LTP ne sont pas clairs.

 Objectif :

  • Établir le profil de sensibilisation à certains allergènes d’Armoise dans une population Méditerranéenne.
  • Étudier la réactivité croisée d’Art v 3 avec Pru p 3 et Par j 1, qui sont des allergènes LTP pertinents dans la région.

 Méthodes :

  • Des prick-tests cutanés ont été réalisés avec des extraits entiers (Artémisia vulgaris, Parietaria judaica et pêche) et avec des allergènes naturels purs Art v 1, Art v 3, Art v 60kDa et Par j 1 chez 24 patients d’une région méditerranéenne allergiques à l’armoise.
  • les tests in vitro incluaient une mesure des IgE spécifiques et une inhibition ELISA entre les allergènes LTP.

 Résultats :

  • Les trois allergènes d’Artemisia ont induit une réponse cutanée positive chez 70 à 80 % des patients.
  • 7 patients étaient clairement sensibilisés à Par j 1 et 11 à Pru p 3.
  • il n’y avait pas de corrélation entre les sensibilisations à Par j 1 et Pru p 3, mais on a trouvé une corrélation hautement significative entre les extraits de pêche et Art v 3 en ce qui concerne les réponses cutanées.
  • Pour les IgE, il n’y avait pas de réactivité croisée entre Art v 3 et Par j 1 ni entre Pru p 3 et Par j 1.
  • par contre, Art v 3 inhibait la liaison de Pru p 3 avec les IgE des sérums de trois patients sur les six étudiés mais Pru p 3 n’était pas capable d’inhiber le couplage Art v 3 avec les IgE.

 conclusion :

  • Art v 3 est un allergène majeur de l’armoise, et chez quelques patients qui ont des IgE à la fois vis-à-vis de Art v 3 et de Pru p 3, Art v 3 se comporte comme l’agent sensibilisant primaire.

Cette étude confirme l’existence de réaction croisée entre pollen d’armoise et pêche et précise que l’agent sensibilisant primaire est le pollen et non la pêche.

Dans un certain nombre de cas les personnes allergiques aux pollens présentent également des allergies alimentaires.
Ceci peut s’expliquer par la présence de protéines communes aux deux allergènes.

C’est le cas des protéines de transfert lipidique (L. T. P.) que l’on retrouve dans le pollen d’armoise et, (entre autres) dans nombre de fruits des rosacées comme la pêche, la pomme, les abricots...

Dans le pollen d’armoise, Art v 3 est une protéine de transfert lipidique et c’est un allergène majeur.
Sensibilisés à cette L. T. P., certains patients présentent également une sensibilisation à Pru p 3, la L. T. P. de la pêche.

Art v 3 inhibent le couplage Pru p 3 et sérums des patients sélectionnés, tandis que Pru p. 3 n’inhibent pas le couplage Art v 3 avec les IgE.
L’affinité étant maximale pour l’ « épitope parent » (ici Art v 3, issu du pollen) c’est-à-dire celui à qui le système immunitaire a destiné les IgE, c’est bien le pollen qui est à l’origine de cet sensibilisation à Pru p 3, allergène de la pêche.

D’une façon générale, c’est bien le propre des réactions croisées que d’être dissymétrique, ce qui révèle :

  • d’une part, l’importance de l’environnement du sujet (qui se sensibilise un allergène avec lequel il est directement contact)
  • d’autre part le rôle central de certains allergènes, véritables inducteurs d’allergie croisée (globalement, si la sensibilisation au pollen de bouleau peut induire une allergie à la pomme, l’ingestion de pomme semble incapable d’induire une sensibilisation au bouleau).

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