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Allergie au blé : mais que fait la pepsine ?!
mardi 19 octobre 2004, par
Cette étude très intéressante aborde un aspect difficile de l’allergie alimentaire : l’allergénicité des trophallergènes en fonction de leur digestion. Ici, il s’agissait de mettre en évidence les protéines réactives chez 5 patients sensibilisés au blé, non symptomatiques et un patient réellement allergique au blé.
IgE spécifiques des protéines de blé hydrosolubles et non hydrosolubles. : M. Mesa-del-Castillo1, C. Martínez-Cócera1, M. L. Caballero2, L. Vazquez1, I. Moneo2
1Allergy Department, Hospital Clínico San Carlos ; 2Immunology Department, Hospital Carlos III, Madrid, Spain
dans Allergy 59 (11), 1229-1232
CONTEXTE
- Les tests cutanés positifs au blé sont retrouvés fréquemment parmi les patients atopiques, mais seule une petite fraction d’entre eux montre des symptômes cliniques immédiats après l’ingestion de blé.
OBJECTIF
- Le but de cette étude a été d’évaluer l’allergénicité des protéines de blé après traitement par la pepsine.
METHODES
- Six patients ayant des IgE spécifiques et/ou des tests cutanés positifs pour les protéines solubles du blé et au gluten ont été étudiés.
- Cinq d’entre eux n’avaient aucun symptôme après l’ingestion de blé et avaient un test de provocation oral négatif.
- Tous les sera ont été analysés à l’aide d’extraits obtenus après hydrolyse peptique de durée différente sur fraction hydrosoluble et insoluble des protéines de blé par immunoblotting IgE.
RESULTATS
- Un allergène sensible à la pepsine d’environ 35 kDa a été reconnu par 5 patients atopiques ayant eu un test de provocation orale négatif au blé dans l’extrait non hydrosoluble indigestible.
- Un patient ayant eu une urticaire immédiate après ingestion de blé détectait un allergène résistant à la pepsine avec un poids moléculaire similaire.
- Finalement, un patient souffrant d’un asthme induit par inhalation reconnaissait des protéines hydrosolubles d’environ 14 kDa qui pourraient correspondre aux inhibiteurs de l’alpha-amylase.
CONCLUSIONS
- Notre méthode par immunoblotting montre une meilleure corrélation avec les symptômes cliniques qu’avec les résultats des tests cutanés et des CAP RAST.
- La résistance à la pepsine des protéines de blé solubles dans l’acide acétique pourrait être responsable des symptômes immédiats du patient qui présentait une urticaire aiguë.
Cette étude est très intéressante car elle aborde le difficile sujet de l’allergénicité d’un aliment, ici le blé, en fonction de sa digestion, ici la pepsine.
Elle a toutefois le défaut d’avoir été pratiquée sur un tout petit échantillon de 6 patients, donc risque de biais du manque d’effectif. De plus, un seul patient est symptomatique lors de l’ingestion de blé et lors du test de provocation orale, il est donc difficile de tirer des conclusions définitives avec deux groupes de patients ainsi déséquilibrés.
Les résultats montrent que les sera des cinq patients ayant des tests allergologiques positifs au blé mais asymptomatiques reconnaissent une protéine de 35 kDa sensible à la pepsine provenant de la fraction non hydrosoluble. Ceci suggère que la pepsine aurait ici un effet protecteur en détruisant cet allergène lors de la digestion.
Alors que le sérum du patient symptomatique reconnaissait un allergène résistant à la pepsine, ce qui expliquerait qu’il soit réactif malgré le processus de digestion.
Enfin, un patient souffrant d’asthme par inhalation de farine de blé, ce qui doit correspondre à l’asthme du boulanger, a un sérum réactif à des protéines hydrosolubles de 14 KDa, probablement des inhibitrices de l’alpha-amylase. Ce qui suggère que les interfaces corporelles réagissant avec le blé, l’intestin et le poumon, se sensibilisent à des allergènes spécifiques de chaque organe.
Enfin, en conclusion, les auteurs rappellent que la corrélation est bonne entre immunoblotting et signes cliniques, alors que la corrélation immunoblotting et tests cutanés et/ou CAP RAST n’est pas bonne. Ce qui tendrait à dire qu’en pratique allergologique courante, il ne faut pas se fier à un résultat négatif des tests allergologiques.
Je pense que tous les allergologues praticiens l’avaient bien remarqué dans le cadre de cette allergie au blé. D’où l’importance du test de provocation orale et du test de provocation spécifique nasale voir bronchique.
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