Là, Rachid, le cas Kawète c’est peanut !

dimanche 21 novembre 2004 par Dr Hervé Couteaux1879 visites

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Là, Rachid, le cas Kawète c’est peanut !

Là, Rachid, le cas Kawète c’est peanut !

dimanche 21 novembre 2004, par Dr Hervé Couteaux

L’allergie à l’arachide est la première allergie alimentaire après 3 ans. Sa fréquence, mais surtout sa sévérité potentielle, en font un sujet de préoccupation majeur en allergologie. Sa réputation de n’avoir pas tendance à s’améliorer avec le temps résiste-t-elle à l’analyse ?

Évolution dans le temps des IgE spécifiques de l’arachide en relation avec la consommation de cacahuètes, les symptômes et l’âge. : J. van Odijk1, U. Bengtsson2, M. P. Borres3,4, L. Hulthén1, S. Ahlstedt4,5,6

Departments of 1Clinical Nutrition, 2Department of Asthma and Allergy Research Group, Respiratory Medicine and Allergy, and 3Pediatrics, Sahlgrenska Academy at Göteborg University, Gothenburg, Sweden, 4Pharmacia Diagnostics, Uppsala, Sweden, 5Department of Environmental Medicine and 6Centre of Allergy Research, Karolinska Institute, Stockholm, Sweden

dans Pediatric Allergy and Immunology 15 (5), 442-448

 Contexte :

  • L’évolution clinique de l’allergie à l’arachide ainsi que certains des facteurs associés au développement de cette allergie restent mal connus.
  • Il n’a pas été précisé dans quelle mesure l’ingestion d’arachide affectait la formation d’anticorps IgE chez les individus sensibilisés à l’arachide.

 Objectifs :

  • Les objectifs de l’étude ont été :
    • D’explorer le développement de l’hypersensibilité à l’arachide chez des enfants et des adolescents avec des IgE spécifiques de l’arachide, par l’utilisation de questionnaires et de tests sériques courants en les comparant aux informations recueillies 5 à 6 ans plus tôt.
    • De rechercher de quelle façon la consommation d’arachide pendant cette période était reliée à l’âge du sujet, au niveau d’anticorps IgE et aux symptômes.
    • De rechercher quelles informations avait été données à ce groupe de patients au moment du diagnostic, en ce qui concerne l’éviction des aliments reliés à l’arachide.

 Méthodes :

  • Tous les patients avec des IgE spécifiques de l’arachide mises en évidence entre 1994 et 1996 dans deux laboratoires d’allergie de l’Ouest de la Suède ont été retrouvés et explorés à nouveau (n=132).
  • Au total, 111 sujets (63 avec une allergie à l’arachide et 48 avec une sensibilisation à l’arachide) ont participé au questionnaire.
  • Parmi eux, 86 ont accepté une consultation supplémentaire et un contrôle des IgE spécifiques de l’arachide cinq ans plus tard.
  • Tous les tests ont été faits en utilisant le CAP system de Pharmacia.

 Résultats :

  • L’Augmentation des niveaux d’anticorps IgE pendant le suivi était relié à l’âge :
    les sujets âgés de 0 à 6 ans au test initial avaient tendance à avoir des classes d’anticorps IgE supérieures par rapport aux individus plus âgés (p=0.018).
  • L’exposition à l’arachide pendant l’étude, c’est-à-dire pendant 5 à 6 ans depuis le diagnostic, n’a pas paru affecter le résultat.
  • Pendant la période de suivi, 29 patients sur 86 (34 %) ont augmenté leur classe d’anticorps IgE.
  • Lors du deuxième test les sujets restant avaient des niveaux d’anticorps IgE similaires pour 28 % ou abaissés pour 38 %.
  • L’exposition à l’arachide pendant le suivi a été plus fréquent chez les sujets avec un niveau d’anticorps IgE de classe 1 à 3 comparés aux sujets avec des classes supérieures à 3 au test initial (p= 0.003).
  • Les symptômes rapportés pendant la période de suivi ont été également plus fréquents chez les sujets avec un haut niveau initial d’anticorps IgE.
  • Les patients avec un haut niveau initial d’anticorps IgE vis-à-vis de l’arachide ont été plus informés sur l’allergie à l’arachide et les allergènes à l’origine de réactions croisées que les autres patients.
  • Les sujets de plus de six ans ont montré une diminution de leur niveau de classe d’IgE spécifiques sur une période de cinq ans.

 Conclusions :

  • En accord avec la littérature, nos résultats suggèrent que le suivi et le contrôle des tests est recommandé, puisque avec le temps, il peut y avoir :
    • un changement de classe d’anticorps IgE
    • un changement de sensibilité clinique.
  • Même en Suède, où la consommation de cacahuètes et faible, les sujets sensibilisés à l’arachide les plus jeunes ont présenté une succession d’événements similaires à celles qui ont été rapportées dans d’autres pays.

Les principaux résultats de cette étude suédoise peuvent se résumer en deux points :

  • L’évolution de cette allergie avec le temps paraît indépendante de la consommation d’arachide, ce qui renforce l’idée de gravité « intrinsèque ».
  • Le suivi de cette évolution est utile car on observe des changements :
    • au niveau biologique (changement de classe d’IgE) : 1/3 restent stables, 1/3 diminuent de classe, 1/3 augmentent de classe
    • au niveau clinique (modification de la sensibilité)

D’autres notions se voient confirmées ou précisées :

  • le niveau d’IgE paraît corrélé à l’âge : les sujets les plus jeunes ayant des IgE plus élevées
  • Sans avoir retrouvé de valeur seuil (cf. Sampson) il est également confirmé que les hauts niveaux d’IgE sont corrélés à une fréquence plus élevée de symptômes.

Intéressante dans la diversité de ses résultats, cette étude nous apprend peu sur un des principaux problèmes que nous ayons à résoudre en pratique : pour des sujets ayant des IgE inférieurs au seuil défini par Sampson (15 kUA/l en Cap system), comment reconnaître les sensibilisés des allergiques sans avoir recours au test de provocation.

L’étude précise des sites de liaison des IgE avec les différents épitopes de l’arachide nous fournira-t-elle la solution ? Réponse dans les études à venir...

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