Une vieille platine, ça gratte toujours un peu !

vendredi 11 février 2005 par Dr Hervé Couteaux2949 visites

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Une vieille platine, ça gratte toujours un peu !

Une vieille platine, ça gratte toujours un peu !

vendredi 11 février 2005, par Dr Hervé Couteaux

Dès 1911, les effets irritants du platine ont été décrits dans les studios photographiques de Chicago. En 97, 16 tonnes de platine ont été utilisées en Europe pour la fabrication des pots catalytiques et ce chiffre n’a pas dû diminuer... C’est ce qui contribue à l’actualité de cette étude.

Hypersensibilité aux sels de métaux, incluant le platine, en milieu professionnel dans l’industrie secondaire. : A. Cristaudo1, F. Sera2, V. Severino1, M. De Rocco1, E. Di Lella1, M. Picardo1

1Servizio di Allergologia, Istituto San Gallicano, IRCCS ; 2Laboratorio di Epidemiologia, IDI, IRCCS, Rome, Italy

dans Allergy 60 (2), 159-164.

 Contexte :

  • L’exposition aux éléments du groupe platine (PGEs) - platine (Pt), palladium (Pd), rhodium (Rh) et iridium (Ir) - peut être responsable :
    • D’une toxicité aiguë
    • D’une hypersensibilité avec des symptômes respiratoires, de l’urticaire et (moins fréquemment) une dermatite de contact.
  • Notre but a été de déterminer la prévalence des caractéristiques cliniques de l’hypersensibilité aux sels de platine et aux autres éléments du groupe platine.

 Méthodes :

  • Un total de 153 sujets travaillant dans une manufacture de catalyse et une usine de recyclage ont été examinés.
  • L’examen a consisté en l’étude de l’exposition, un questionnaire médical, un examen clinique, des prick test pour les PGEs et des aéroallergènes communs ainsi que des patchs tests pour PGEs.
  • Des prick tests et des patchs test ont été réalisés avec H2[PtCl6], K2[PtCl4], Na2[PtCl6], IrCl3,RhCl3 et PdCl2 en solutions aqueuses à différentes concentrations.

 Résultats :

  • Des réponses positives aux prick tests pour les sels de platine, à des concentrations variables, ont été trouvées chez 22 (14.4 %) des 153 ouvriers.
  • 8 d’entre eux ont eu des réactions simultanées à tous les sels de platine testés.
  • 7 d’entre eux ont eu des réponses positives pour H2[PtCl6] de façon isolée.
  • 4 ont eu des réactions positives simultanées pour H2[PtCl6] et K2[PtCl4].
  • 3 ont eu des réactions positives pour H2[PtCl6] et Na2[PtCl6].
  • 3 sur 22 ont eu des réactions positives à des solutions de H2[PtCl6] et d’IrCl3, dont 2 ont eu des réactions positives à H2[PtCl6],IrCl3 et RhCl3.
  • 2 sujets sur 153 ont eu des réactions positives aux patchs tests pour les sels de platine au deuxième jour.

 Conclusions :

  • Les résultats de cette étude démontrent que les sels de platine sont des allergènes importants dans l’industrie de catalyse et que les manifestations cliniques impliquent à la fois le système respiratoire et la peau.
  • L’acide hexachloroplatinique devrait être considéré comme le principal sel à tester en prick test.

Sur 153 ouvriers de l’industrie, les auteurs ont mis en évidence un taux non négligeable (14,4 %) de sensibilisation au platine.

Les manifestations cliniques peuvent être respiratoires ou cutanées.

L’acide hexachloroplatinique devrait intégrer notre batterie d’allergènes en prick test.

Les sels de platine sont utilisés depuis de nombreuses années et si on les a surtout étudiés du point de vue de la toxicologie, leurs effets immunologiques ont été également étudiés depuis une trentaine d’années.

Le pouvoir allergénique serait lié au nombre d’atomes de chlore (Cleare et al, 1976), les dérivés non halogénés des sels de platine n’étant pas sensibilisant. Les rares cas de choc anaphylactique par injections intraveineuses de Cisplatine seraient probablement dus à la présence d’impuretés de sels halogénés de platine (Pepys, 1983)

Les réactions croisées du platine avec les autres métaux du groupe platine (palladium, rhodium et iridium) ne sont observées que chez certains individus (Santucci, 2000).

Les symptômes cutanés sont souvent la première manifestation de la sensibilisation aux sels de platine (Hughes, 1980)

En pathologie professionnelle, si les signes cliniques diminuent avec l’arrêt de l’exposition professionnelle la réversibilité n’est pas complète en cas d’exposition longue (Schultze-Werninghans, 1989 et Biagini, 1985).

Jusqu’à présent on n’a pas pu mettre en évidence d’effets immunologiques consécutifs à l’exposition environnementale, pourtant réelle (Santucci, 2000).

Enfin, n’oublions pas que le platine est une des nombreuses « sources » de l’allergène nickel.

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