Les allergiques aussi veulent croquer la pomme !

lundi 7 mars 2005 par Dr Hervé Couteaux2099 visites

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Les allergiques aussi veulent croquer la pomme !

Les allergiques aussi veulent croquer la pomme !

lundi 7 mars 2005, par Dr Hervé Couteaux

L’allergie alimentaire est parfois responsable d’accidents graves. Si le diagnostic est parfois difficile, on peut en dire autant de sa prise en charge car entre l’éviction et le traitement d’urgence c’est le vide sidéral... Si on pouvait transformer les aliments en les appauvrissant en allergènes... Mais je rêve... Peut-être pas tant que ça !...

L’allergène majeur de la pomme Mal d 1 rendu muet par interférence ARN : Luud J.W.J. Gilissen, PhD a b *
Suzanne T.H.P. Bolhaar, MD, PhD c
Catarina I. Matos, MSc b
Gerard J.A. Rouwendal, MSc b
Marjan J. Boone, BSc b
Frans A. Krens, PhD b
Laurian Zuidmeer, PhD d
Astrid van Leeuwen, BSc d
Jaap Akkerdaas, MSc d
Karin Hoffmann-Sommergruber, PhD e
André C. Knulst, MD, PhD c
Dirk Bosch, PhD b
W. Eric van de Weg, PhD a b
Ronald van Ree, PhD d

# aFrom the Allergy Consortium Wageningen, Wageningen University and Research Center, Wageningen, The Netherlands
# bPlant Research International, Wageningen University and Research Center, Wageningen, The Netherlands
# cDepartment of Dermatology, University Hospital Utrecht, Utrecht, The Netherlands
# dDepartment of Immunopathology, Sanquin Research, Amsterdam, The Netherlands
# eDepartment of Pathophysiology, Medical University, Vienna, Austria

dans JACI February 2005 • Volume 115 • Number 2

 Contexte :

  • L’allergie à la pomme est dominée par des anticorps IgE dirigés contre Mal d 1 dans des régions où le pollen de bouleau est endémique.
  • Disposer de pommes dont le niveau en Mal d 1 serait significativement diminué permettrait à la plupart des patients de ces régions de manger des pommes sans présenter de réaction allergique.

 Objectif :

  • Le but de cette étude été d’inhiber expression de Mal d 1 dans des plants de pommiers par interférence ARN.

 Méthode :

  • Des plants de pommiers cultivés in vitro ont été transformés avec un intron contenant une séquence spécifique de Mal d 1 répétée et inversée.
  • La vérification de la présence de la modification a été faite par PCR.
  • l’expression de Mal d 1 a été suivie par des tests cutanés « prick to prick » chez 3 patients allergiques pommes ainsi que par immunoblotting avec un anticorps monoclonal réactif au Mal d 1 et des anticorps IgE contre Mal d 1.

 Résultats :

  • Après transformation, les plants ont été sélectionnés sur la base d’un phénotype normal et d’un certain taux de croissance.
  • En PCR, on a démontré la présence du dispositif rendant le gène silencieux chez 6 des 9 plants.
  • Au moyen de tests cutanés, on a montré que les plants sauvages avaient une allergénicité significativement plus forte (P<0.05) que 5 des transformants.
  • La réduction de l’expression de Mal d 1 a été confirmée par immunoblotting.
  • Pour les plants sauvages et les échecs de transformants, une forte bande a été détectée réagissant avec un anticorps monoclonal (5H8) dirigé contre Mal d 1 au poids apparent attendu de 17 kDa.
  • Cette bande était virtuellement absente chez les transformants.
  • Avec les anticorps IgE humains, la même observation a été faite.

 Conclusions :

  • L’expression de Mal d 1 a été réduite avec succès par interférence ARN.
  • Ceci a eu pour conséquence une baisse significative de l’allergénicité in vivo.
  • Ces observations sont en faveur de la faisabilité de la production de pommes hypoallergéniques en Mal d 1 par un « gene-silencer ».

C’est une des premières fois qu’une étude rapporte la possibilité d’une diminution de l’allergénicité d’un aliment.

Des plants de pommiers ont été transformés et certains gènes pilotant l’expression de Mal d 1, l’allergène majeur de la pomme, rendus silencieux par une technique d’interférence ARN.

Cette baisse de l’allergénicité a été observée in vivo, notamment par une diminution des tests cutanés.

Il s’agit d’une porte ouverte sur un domaine d’action encore peu exploré dont l’avenir nous dira s’il est prometteur ou non.

En effet, des zones d’ombre subsistent notamment quant au prix de revient d’une telle manipulation ainsi que pour la faisabilité en fonction de la nature de l’allergène en cause.

D’autre part, cette baisse de l’allergénicité est-elle suffisante pour annuler toute réaction et garantir une ingestion sans danger ?

Classiquement, nous concluons que des études supplémentaires sont indispensables !

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