Faut-il mettre un gros matou dans son salon ?

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Faut-il mettre un gros matou dans son salon ?

Faut-il mettre un gros matou dans son salon ?

mercredi 27 avril 2005, par Dr Alain Thillay

Des études antérieures ont suggéré le rôle protecteur du fait de vivre au côté d’animaux domestiques sur le risque de sensibilisation à ces animaux. Ici, l’originalité de l’étude est de travailler sur une population de sujets tous sensibilisés au chat dont certains sont exposés directement et d’autres indirectement aux allergènes du chat.

Réponses cutanée et sérique à l’allergène du chat chez des adultes exposés ou non aux chats. : Liccardi G, Martin S, Lombardero M, D’Amato M, Barber D, D’Amato G, Cazzola M.

Department of Chest Diseases, Division of Respiratory and Allergic Diseases, High Speciality Hospital "Antonio Cardarelli", Naples, Italy.

dans Respir Med. 2005 May ;99(5):535-44.

 Contexte

  • La relation entre le fait de posséder un animal domestique et le risque de développer une allergie respiratoire par sensibilisation aux allergènes des animaux domestiques reste encore controversée.

 Objectif

  • Déterminer le degré de l’hypersensibilité immédiate cutanée et les taux d’IgE et d’IgG4 spécifiques de l’allergène du chat chez des patients sensibilisés et exposés directement ou indirectement à cet animal.

 Méthodes

  • Nous avons étudié 112 adolescents et adultes sensibilisés aux allergènes du chat (43 ayant un chat à domicile et 69 n’en ayant pas).
  • Il y avait aussi 52 sujets de contrôle, 27 sujets atopiques non sensibilisés au chat et 25 non atopiques.
  • Le degré de l’hypersensibilité immédiate cutanée a été évalué deux fois au moyen de prick-tests avec une série de quatre dilutions (rapport de dilution 1/5) d’un extrait allergénique d’épithélias du chat dont l’allergène majeur Fel d 1 était quantifié en microgrammes, plus un témoin positif (chlorhydrate d’histamine à 10 mg/ml) et un témoin négatif (solution saline).
  • Les résultats concernant la surface de la papule ont été analysés par parallélisme des lignes de régression.
  • Un échantillon sanguin a été collecté sur chaque patient et sur tous les sujets de contrôle pour évaluer les IgE et les IgG4 sériques spécifiques du chat.

 Résultats

  • Les patients ayant un chat au domicile ont des réponses cutanées plus basses que les patients n’ayant pas de chat.
  • La différence de la sensibilité cutanée a été estimée 3,4 fois (P<0,01).
  • Il n’existait pas de différence significative entre les taux d’IgE spécifiques du chat dans les deux groupes de patients (P=0,065).
  • Les taux des IgG4 spécifiques du Fel d 1 montraient une association statistiquement significative avec la présence d’un chat au domicile, avec des taux plus élevés chez les patients ayant un chat au domicile comparativement à ceux n’en ayant pas P<0,001).

 Conclusion

  • Les résultats de cette étude démontrent que l’exposition directe au chat chez l’adolescent et l’adulte atteints d’allergie respiratoire est associée à des réponses cutanées plus faibles à l’extrait allergénique du chat, évaluées par prick-tests cutanés comparativement aux patients exposés indirectement.
  • Parmi les patients possédant un chat à domicile les taux moyens d’IgE spécifiques sont statistiquement comparables alors que les taux d’IgG4 sont supérieurs comparativement aux sujets qui ne sont pas exposés aux chats.
  • Le rôle de l’exposition indirecte aux allergènes du chat sur la sensibilisation des voies respiratoires est accentué aussi chez l’adulte.
  • De plus, les patients ayant un chat à domicile n’ont pas des sensibilisations cutanées et sériques à l’allergène du chat plus importantes en comparaison aux sujets non exposés aux chats.

Cette étude a l’originalité de partir du principe de quantifier la sensibilisation cutanée et sérique à l’allergène du chat dans une population sélectionnée pour être sensible à cet allergène, la variable est l’exposition allergénique directe ou indirecte.

Dans la population étudiée, 112 sujets adolescents ou adultes, les résultats suggèrent que le fait de vivre à domicile avec un chat permet de constater une réactivité cutanée significativement moindre comparativement à l’absence de chat au domicile. Par contre, les taux moyens d’IgE spécifiques sont similaires dans les deux groupes alors que les taux d’IgG4 spécifiques sont plus hauts chez les possesseurs de chat. Ces constats apparaissent encore plus marqués dans la population des patients adultes.

Ainsi, cette étude voudrait suggérer que lorsqu’on est allergique au chat, il ne faut pas en faire obligatoirement l’éviction puisque la réactivité cutanée est plus faible et que le taux des IgG4 spécifiques « donc protectrices » est plus élevé. Il est dommage que nous n’ayons pas de renseignement sur l’état clinique, la consommation médicamenteuse chez les patients exposés et non exposés directement. Il est dommage que tous ces patients n’aient pas subi de test de provocation nasale à l’aide de l’allergène du chat. Tout cela pour confirmer que oui ou non ces constats bio-cliniques correspondent en effet à une amélioration de l’état clinique.

Il vrai que les allergologues de terrain savent depuis longtemps que rien n’est plus spécial que « la planète allergie au chat ». Tout cela pour dire que cette étude est vraiment intéressante et ouvre bien des horizons. Il faudra bien sûr confirmer et surtout, répétons-le, faire la comparaison avec l’état clinique.

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