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Avenir de la désensibilisation : réunion avec l’afsssaps
vendredi 25 novembre 2005, par , ,
La désensibilisation spécifique reste LE traitement étiologique de l’allergie. Cependant, comme tous les produits utilisés pour les soins, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) est en train de revoir son statut. Le point sur le présent et l’avenir.
Compte rendu de la réunion afsssaps du 21 octobre 2005
Cette réunion a été organisée pour clarifier la situation du statut des allergènes suite à la publication d’un décret paru au JO DU 28 /02 / 2004 et qui doit être appliqué à partir du 31 décembre prochain.
Les différents partenaires de l’allergologie française étaient représentés, par ordre alphabétique :
– ANAFORCAL
– ANAICE
– ASSOCIATION ASTHME ET ALLERGIES
– LE CICBAA
– LE COMITE DE SOUTIEN DE L’ALLERGOLOGIE
– LA COMISSION TRIPARTITE
– LES LABORATOIRES ALLERBIO
– LES LABORATOIRES STALLERGENES
– LA SFAIC
– LE SNAF
Étaient également présents le Pr LEYNADIER, Président de la commission clinique pour les allergènes à l’AFSSAPS, le Pr PELTRE.
Et nos hôtes que nous remercions, le Pr TROUVIN et son équipe.
S’il y a une chose à retenir de cette réunion, c’est que le but de l’AFSSAPS n’est pas de détruire l’allergologie, mais simplement d’essayer de faire cadrer nos outils diagnostiques et thérapeutiques avec une norme de sécurité sanitaire, ce qui est fondamentalement son rôle. Le Pr Trouvin a bien compris notre spécificité d’exercice et est un interlocuteur ouvert à nos propositions.
Tout d’abord rappelons les principes sur lesquels se basent ce décret :
– l’allergologie est un domaine diagnostique et thérapeutique unique en médecine.
– l’allergène est l’agent causal de la maladie mais il est aussi le moyen diagnostique et la thérapeutique, à ce titre il répond exactement à la définition d’un "médicament" et il ne peut échapper aux règles qui régissent la fabrication et la distribution des autres médicaments.
– par conséquent les allergènes doivent être validés sur la plan sanitaire par l’AFFSAPS ( sécurité virale, contrôle des process de fabrication, efficacité etc..)
Un peu d’histoire...
Jusqu’à présent les APSI ( allergènes préparés pour un seul individu) étaient soumis à un statut qui datait des années 60. Une commission européenne en a fait une spécialité pharmaceutique en 1989, en 1992 pour la France. Depuis les allergènes peuvent prendre le statut de spécialité pharmaceutique, mais ce n’est pas une
obligation.
Par la suite, l’agence du médicament d’abord, l’AFSSAPS ensuite ont voulu, tout en maintenant le statut particulier des APSI, clarifier la situation, et améliorer la qualité des allergènes.
L’AFSSAPS a fait en France le choix délibéré de faire une différence entre le statut de l’APSI et celui de l’AMM.
Il a d’abord fallu imposer aux détenteurs de l’autorisation de fabriquer des APSI de se faire connaître, le ministère de la santé n’ayant pas alors pas la liste des opérateurs autorisés.
Une fois identifiés, leur est confiée la responsabilité de la fabrication des APSI, sur la demande des praticiens allergologues, à partir de solutions mères nominatives et définies, puis d’en assurer la qualité.
Autorisation APSI et AMM ? est-ce la même chose, est-ce incompatible ? qui dépend de quoi ?
L’ autorisation APSI concerne une autorisation de lieu d’exercice et une autorisation nominative pour les préparations mères.
A partir de ces préparations mères dûment autorisées, le fabricant peut soit en faire des APSI thérapeutiques, soit des APSI diagnostiques, dans des vecteurs galéniques divers.
Cette autorisation APSI, n’est donc en aucun cas un obstacle à un autre statut pour les allergènes, qui peut être celui habituel de l’AMM ( Autorisation de mise sur le marché). Ceci concerne de par sa définition même les allergènes diagnostiques, et également à l’avenir les comprimes sublinguaux, en effet :
– ils sont préparés à l’avance à partir d’une solution mère, et à concentration fixe
– ils sont préparés dans un vecteur galénique et sous une forme toujours identique
– ils sont destinés à être utilisés pour plusieurs individus
Sur quels critères vont être données les autorisations APSI ou AMM ?
Pour l’AFFSSAPS , le stade vers lequel devrait tendre tous les allergènes ( en tous cas les allergènes courants) est celui de l’AMM
– Les dossiers d’AMM seront adaptés à la particularité de l’allergologie, la diversité des allergènes etc.. , mais pas simplifiés. Leur circuit de distribution, comme tous les médicaments, doit être en principe l’officine.
– Pour les APSI, on l’a vu, il s’agira d’autoriser une préparation mère, pour cela les fabricants devront fournir à l’AFFSAPS , deux types de "preuves"
- Soit un dossier type "données cliniques" qui tient compte de l’expérience médicale, d’un consensus médical qui permette d’établir la justification d’une préparation mère , par exemple des séries d’observations documentées.
- Soit un dossier type "essai clinique" qui ne comporte pas forcément un nombre de patients minimal, mais dont la démonstration doit être faite sur n patients, et qui sera validée sur la force de conviction et de démonstration des études cliniques
L’essai clinique est dirigé par une réglementation européenne qui est cependant très contraignante.
Pour les dossiers APSI, nous vous fournirons dans le prochain ANAICE Magazine ( N° de décembre )le texte intégral du décret qui donne toutes les explications nécessaires.
En tout état de cause, 3 éléments sont indispensables :
– la qualité du produit de la matière première jusqu’au produit fini
– la sécurité d’emploi du produit
– l’efficacité du produit, démonstration du bénéfice à utiliser ce produit.
Les fabricants ont l’obligation d’obtenir une autorisation pour chaque allergène.
Existera- t -il des produits sans AMM ni autorisation APSI ?
L’AFSSAPS a admis que , vu le nombre d’allergènes, il était probable qu’il ne serait pas déposé de dossier pour chaque allergène, et que donc certains pouvaient disparaître. Le Pr Trouvin s’est donc engagé à étudier la création d’un troisième groupe où l’on retrouverait les allergènes plus rares et mal documentés. Les allergènes seraient là à titre provisoire : soit il restent très rares et ils vont disparaître, soit leur fréquence augmente et le passage vers les APSI sera demandé.
EN PRATIQUE
– les allergènes thérapeutiques
nous gardons pour le moment à notre disposition sur ordonnance nominative les allergènes thérapeutiques fabriqués pour un seul individu, dès lors que les solutions mères auront obtenu l’autorisation de l’Afssaps.
– les allergènes diagnostiques
- soit ils ont une AMM , se pose alors le problème du circuit de distribution ( apparemment un circuit spécial "professionnel" sera mis en place, vous n’aurez pas à aller acheter vos flacons d’allergènes à la pharmacie ). Ceci sera valable pour les allergènes principaux, les plus courants.
- soit ils ont un statut APSI , mais il faudra qu’il soient délivrés sous forme de diagnostic individuel et préparés sur demande de l’allergologue ( ce qui sous-entend qu’en fonction des allergènes à tester que vous aurez déterminé lors d’une première consultation, vous commandiez pour Mr X, un prick test de gerbille ou de cacatoès..) L’AFSSAPS comprend que l’allergène gerbille commandé pour Mr X soit conservé par l’allergologue pour tester d’autres patients, mais il n’y aura probablement pas d’autorisation officielle car le produit ne correspondrait plus à la définition d’un APSI ( il ne serait plus pour un individu)
- soit ils font parti du 3e groupe et il faut les commander nominativement, en sachant que le laboratoire ne pourrait pas les inclure dans un catalogue.. les allergènes nouveaux feront parti de ce 3e groupe : il faudrait dans l’idéal envoyer la matière première aux fabricants qui en feront une extraction spéciale. Ces extractions spéciales ne pourront pas figurer au catalogue, mais elles sont autorisées sous la responsabilité du fabricant. Ils pourront entrer au catalogue si le nombre d’observations est suffisant et surtout dûment documenté par les allergologues qui en auront fait la demande. Un exemple si 3 allergologues demandent en 3 ans un phanère X, il sera supprimé, si 35 allergologues demandent et prouvent l’intérêt diagnostique d’un phanère Y, là il pourra être intégré dans les APSI.
Enfin pour terminer la situation pour les autres allergènes :
– les aliments , pas de statut puisque l’on peut et l’on doit utiliser le plus possible les aliments natifs.
– les allergènes de contact pour lesquels un texte avait été édité il y a quelques années , pas de statut non plus pour le moment.
– les médicaments pas de statuts non plus, mais l’agence y travaille.
En conclusion , il va rester aux fabricants le devoir de prouver que leurs allergènes sont utiles, sûrs et efficaces.
Aux allergologues de s’adapter à cette nouvelle réglementation qui ne devrait pas trop bousculer notre façon de faire, d’être partie prenante dans la défense des allergènes de diagnostic, rares, très rares ou émergents, de façon à garder un diagnostic allergologique le plus exhaustif possible et de qualité.
Enfin à l’AFSSAPS de veiller à la sécurité sanitaire des produits que nous utilisons sans pénaliser par un manque de possibilités diagnostiques les patients qui pourraient en bénéficier, ce qui irait à l’encontre de sa mission de santé publique.
Vous pourrez lire le compte-rendu détaillé du SNAF sur leur site www.snaf.org
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