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On n’est pas si mauvais, les spécialistes en allergie !
dimanche 15 janvier 2006, par
Des études antérieures ont montré que les asthmatiques étaient mieux équilibrés s’ils étaient pris en charge par des spécialistes en allergie. Mais des biais méthodologiques en limitaient l’impact. Cette étude a concerné des patients inclus dans un système de soins leur permettant de consulter d’emblée un spécialiste.
Amélioration de la prise en charge de l’asthme par des spécialistes en allergie : analyse transversale de population. : Michael Schatz, MD, MSa, Robert S. Zeiger, MD, PhDa, David Mosen, MPH, PhDe, Andrea J. Apter, MD, MScf, William M. Vollmer, PhDd, Thomas B. Stibolt, MDe, Albin Leong, MDb, Michael S. Johnson, MSe, Guillermo Mendoza, MDc, E. Francis Cook, ScDg
a From the Departments of Allergy San Diego
b Sacramento
c Vacaville
d Center for Health Research, Portland, and the Care Management Institute, Oakland
e Kaiser-Permanente Medical Care Program
f Division of Allergy-Immunology, Department of Pulmonary and Critical Care Medicine, University of Pennsylvania School of Medicine, Philadelphia
g Department of Epidemiology, Harvard School of Public Health, Boston
dans JACI Volume 116, Issue 6, Pages 1307-1313 (December 2005)
– Contexte
- Des études antérieures ont suggéré que la prise en charge par un spécialiste en allergie améliore l’évolution de l’asthme, mais beaucoup de ces études ont des biais méthodologiques.
– Objectifs
- Comparer l’évolution médicale chez des asthmatiques pris en charge de façon randomisée par des allergologues, par rapport à ceux pris en charge par des intervenants de soins de premier niveau.
– Méthodes
- Un échantillon randomisé de 3568 patients, atteints d’asthme persistant et inclus dans un réseau d’organisation de soins, ont complété l’étude
- De ces participants, 1679 (47.1%) ont identifié un intervenant de premier niveau comme l’intervenant régulier pour la prise en charge de leur asthme, 884 (24.8%) ont identifié un allergologue, 693 (19.4%) aucun intervenant particulier et 195 (5.5%) un pneumologue
- Des outils validés concernant la qualité de vie, le contrôle et la sévérité de la maladie, ainsi que la satisfaction et l’autocontrôle du patient, ont été utilisés, ainsi que les données administratives concernant l’utilisation des médicaments, et ont été comparés entre les différents groupes
– Résultats
- Par rapport à ceux suivis par un intervenant de premier niveau, les patients suivis par un allergologue rapportaient une qualité de vie liée à leur asthme significativement plus élevée (p<0.001), moins de problèmes de contrôle de leur asthme, moins de symptômes sévères, une plus grande satisfaction de prise en charge, et une meilleure connaissance concernant l’autocontrôle de leur maladie
- Les patients suivis par un allergologue avaient moins besoin d’être hospitalisés que ceux suivis par un médecin de base (odd ratio 0.45), moins de visites en urgence (odd ratio 0.71) et moins d’abus de béta-agonistes (odd ratio 0.47), et recevaient moins de stéroïdes inhalés (odd ratio 1.81) au cours de la dernière année
– Conclusion
- La prise en charge par un allergologue est associée avec un champ plus large d’améliorations de l’évolution chez des patients asthmatiques, comparativement à des soins apportés par un intervenant de premier niveau.
Cette étude comparait la prise en charge de patients asthmatiques, aux Etats-Unis, entre des spécialistes en allergie et des intervenants en santé de premier niveau (c’est-à-dire des médecins généralistes, des internistes, des médecins de soins et des assistants médicaux), mais aussi des pneumologues.
Par rapport aux intervenants de premier niveau, les asthmatiques suivis par des allergologues avaient une meilleure qualité de vie, un meilleur contrôle de leur asthme, moins de symptômes sévères ; ils avaient une meilleure satisfaction quant à leur prise en charge et un meilleur autocontrôle de leur asthme.
Ils avaient moins besoin d’être hospitalisés ou de consulter en urgence, et consommaient moins de bêtamimétiques et de stéroïdes inhalés.
Cette étude est difficile à extrapoler à la pratique française, en raison des différences de pratique dans la prise en charge des patients aux USA, et des différences de classification dans les intervenants médicaux. Mais il est intéressant de voir que dans cette étude où les patients avaient le libre accès au spécialiste, ceux pris en charge par un allergologue étaient mieux équilibrés et consommaient moins de médicaments. A l’aune des réformes en cours en France, cela pourrait faire réfléchir nos décideurs politiques et nos économistes en santé publique.
Un sous-groupe concernait aussi les patients pris en charge par des pneumologues ; il existait aussi des différences au profit des allergologues en terme de qualité de vie, mais celles-ci étaient dues au fait que les patients avaient un asthme plus grave, et les auteurs concluent qu’après ajustement il n’y a pas de différence significative entre les 2 groupes : ouf !
On peut reprocher à cette étude qu’il n’y ait pas de mesure objective (type VEMS) pour affirmer le diagnostic et la sévérité de l’asthme dans la comparaison des groupes, et qu’il n’y ait pas eu d’étude comparant le coût de prise en charge des patients.
Il n’en demeure pas moins que les asthmatiques pris en charge par des allergologues sont dans cette étude associés à une meilleure évolution et un meilleur contrôle de leur maladie, par rapport à ceux pris en charge par des non-allergologues.
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