Si t’as mangé de la morue, alors tu peux déguster !

lundi 26 mars 2007 par Dr Hervé Couteaux3169 visites

Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > Si t’as mangé de la morue, alors tu peux déguster !

Si t’as mangé de la morue, alors tu peux déguster !

Si t’as mangé de la morue, alors tu peux déguster !

lundi 26 mars 2007, par Dr Hervé Couteaux

L’allergie au poisson touche, en France, 5% des enfants et 3% des adultes présentant une allergie alimentaire. Les allergènes concernés, encore trop partiellement connus, sont parfois à l’origine de réactions sévères. Ces allergènes sont-ils modifiés par la digestion ?

Une digestion incomplète de morue représente un facteur de risque d’anaphylaxie pour les patients allergiques. : Eva Untersmayr, MDa, Helle Vestergaardb, Hans-Jørgen Malling, MDb, Louise Bjerremann Jensen, MScbc, Michael H. Platzer, PhDbc, George Boltz-Nitulescu, PhDa, Otto Scheiner, PhDa, Per Stahl Skov, MD, PhDbc, Erika Jensen-Jarolim, MDa, Lars K. Poulsen, PhDb

From the Center of Physiology and Pathophysiology, Medical University of Vienna ; Laboratory for Medical Allergology, National University Hospital Copenhagen ; Reference Laboratory, Copenhagen

dans JACI Volume 119, Issue 3, Pages 711-717 (March 2007)

 Contexte :

  • Le poisson est un des aliments allergéniques les plus importants à l’origine de réactions allergiques sévères.
  • Cependant, on a montré que la digestion gastrique réduit de manière significative son potentiel allergénique.

 Objectifs :

  • Dans cette étude, nous avons évalué la cinétique d’absorption des protéines de poisson
  • et avons étudié la réactivité clinique des patients présentant une allergie à la morue digérée au pH physiologique ou à pH gastrique élevé.

 Méthodes :

  • Des individus sains ont subi des tests de provocation ouverts avec de la morue et des échantillons de sang ont été évalués pour l’histamino-libération par les allergènes de poissons absorbés.
  • Des patients allergiques ont été recrutés sur la base d’une allergie à la morue précédemment diagnostiquée.
  • Des extraits de poissons ont été digérés avec des enzymes gastriques à pH 2.0 et 3.0 et utilisés pour l’histamine release, des tests cutanés et des tests de provocation quantitatifs en double aveugle contre placebo.

 Résultats :

  • Les tests d’ingestion chez les sujets non allergiques ont montré une absorption des allergènes de poissons biologiquement actifs seulement 10 minutes après ingestion, avec des niveaux maximaux de sérum après 1 à 2 heures.
  • L’incubation des protéines de poisson avec des enzymes digestives à pH 2.0 a eu comme conséquence une fragmentation des protéines menant à une activité biologique réduite démontrée par une papule sensiblement plus petite aux tests cutanés et une libération réduite d’histamine.
  • Le poisson digéré à pH 3.0 a montré un profil de réactivité comparable aux extraits non digérés.
  • De plus, ces extraits testés ont déclenché des réactions à des doses cumulées de 10 à 30 fois plus faibles chez les patients allergiques.

 Conclusion :

  • Nos données indiquent l’importance primordiale de la digestion gastrique pour les allergènes de poissons parce que l’absorption quantitativement significative et le déclenchement des symptômes semblent se passer dans l’intestin.

 Implications cliniques :

  • Une digestion perturbée expose des patients allergiques au poisson au risque de développer des réactions allergiques sévères avec des quantités minimes d’allergènes.

Une digestion du poisson à un pH de 2 en réduit significativement l’allergènicité.

Si cette digestion se fait à un pH de 3, les doses cumulées capables de déclencher des manifestations cliniques chez des patients allergiques, lors de tests de provocation en double insu, sont de 10 à 30 fois inférieures.

Des troubles de la digestion exposent donc les patients allergiques à des réactions sévères, même avec des quantités tout à fait minimes de produit allergisant.

On reconnaît actuellement 3 espèces pour le genre Gadus :
 Gadus morhua, morue de l’Atlantique, (Gadus morhua callarias, parfois dénommée Gadus callarias, comme dans le site Allergome, est une sous espèce de la précédente)
 Gadus macrocephalus, morue du Pacifique
 Gadus ogac, morue du Groenland

Rappelons au passage que morue et cabillaud sont une seule et même espèce.

Pour les allergènes répertoriés sur Allergome :
 Gad m 1, allergène majeur de la morue, est une parvalbumine appartenant aux CBP. Pas de réactivités croisées identifiées selon Allergome.

 Gad c 1, un allergène homologue au précédent, présente, lui, des réactivités croisées documentées avec plusieurs autres allergènes :

  • Ang a 1 (anguille)
  • Cyp c 1 (carpe)
  • Ran e 2 (grenouille)
  • Sal s 1 (saumon)
  • Sti l 1 (sandre)
  • The c 1 (lieu de l’Alaska)
  • Thu t 1 (Thon rouge)

 Et Gad c APDH (Aldehyde Phosphate Deshydrogenase)

En pratique clinique, plusieurs espèces sont concernées, et la réactivité croisée, fréquente mais mal connue, est admise à priori.

La clinique est polymorphe (prurit, urticaire, symptômes respiratoires, gastro-intestinaux) et parfois sévère (réactions anaphylactiques).

L’allergie au poisson est habituellement une allergie qui n’a que très rarement tendance à régresser.

Même si cette allergie régresse, cette évolution favorable peut être instable et les manifestations cliniques peuvent réapparaître, y compris après de longues périodes de tolérance.

Les facteurs pronostiques favorables seraient :
 un début précoce, avant 3 ans
 des réactions cliniques initiales peu sévères avec essentiellement des troubles cutanés et/ou digestifs.
 des IgE spécifiques inférieures à 6 kU/l (biologiquement, la sensibilité et la spécificité cliniques de l’allergène de morue f3 du Phadia CAP System seraient respectivement de 93% et 87%).

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois