Allergie alimentaire : induction de tolérance ou éviction ?

mercredi 13 février 2008 par Dr Alain Thillay2987 visites

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Allergie alimentaire : induction de tolérance ou éviction ?

Allergie alimentaire : induction de tolérance ou éviction ?

mercredi 13 février 2008, par Dr Alain Thillay

Dans l’allergie alimentaire chez l’enfant, les possibilités thérapeutiques sont minces. Dans la grande majorité des cas, on a recours à l’éviction de l’aliment incriminé en attendant que la maturation du système immunitaire s’installe et rende le sujet tolérant. Le but de cette étude était de comparer l’efficacité de l’induction de la tolérance orale spécifique à l’éviction alimentaire. Quel est l’intérêt de cette option thérapeutique alternative ?

Induction de la tolérance orale spécifique chez des enfants allergiques alimentaires : modèles cliniques réactifs et efficacité. : Staden U, Rolinck-Werninghaus C, Brewe F, Wahn U, Niggemann B, Beyer K.

Department of Pediatric Pneumology and Immunology, University Children’s Hospital Charité, Berlin, Germany.

dans Allergy. 2007 Nov ;62(11):1261-9

 CONTEXTE :

  • L’induction d’une tolérance orale spécifique semble être un traitement prometteur de l’allergie alimentaire.
  • L’induction de la tolérance orale spécifique et l’éviction des aliments ont été comparées à l’égard du taux d’efficacité clinique et les types de réactions cliniques.

 MÉTHODES :

  • Des enfants chez qui une allergie IgE dépendante a été démontrée par test de provocation orale au lait de vache ou à l’œuf de poule ont été randomisés soit dans le groupe induction d’une tolérance orale ou soit dans le groupe éviction alimentaire qui servira en plus de contrôle.
  • Le traitement par induction de la tolérance orale spécifique a été effectué au domicile sur une base quotidienne, selon un protocole d’étude avec du lait de vache frais ou avec des protéines lyophilisées d’œuf de poule.
  • La réévaluation de l’allergie alimentaire cliniquement pertinente a été effectuée par un test de provocation alimentaire après une médiane de 21 mois.
  • Les enfants du groupe induction de la tolérance orale spécifique ont suivi secondairement durant 2 mois une éviction alimentaire avant de pratiquer le test de provocation orale afin d’évaluer la persistance de la tolérance induite par voie orale.

 RÉSULTATS :

  • Lors du test de provocation de contrôle, neuf des 25 enfants (36%) ont montré une tolérance permanente dans le groupe induction de la tolérance orale spécifique, trois des 25 (12%) ont été tolérants avec prise régulière et quatre des 25 (16%) ont été partiellement répondeurs.
  • Dans le groupe contrôle, sept des 20 enfants (35%) étaient tolérants.
  • Les IgE spécifiques ont sensiblement diminué aussi bien chez les enfants sous régime d’éviction (P <0,05) que chez ceux du groupe induction de la tolérance orale spécifique (P <0,001).

 CONCLUSIONS :

  • L’induction de la tolérance orale spécifique semble être une option thérapeutique valable pour les patients ayant une allergie alimentaire persistante.
  • L’indication se pose éventuellement si l’éviction ne peut être garantie ou pour ceux qui sont désireux de consommer l’aliment en question.
  • Les avantages de l’induction de la tolérance orale spécifique sont l’augmentation de dose seuil des réactions allergiques et l’importante réduction du risque de réactions allergiques sévères après l’ingestion accidentelle de l’allergène.
  • Toutefois, une surveillance attentive pendant l’induction de la tolérance orale spécifique est obligatoire.

Il est un peu dommage que le résumé de cette étude allemande ne précise pas l’âge des enfants. On peut imaginer que ce sont des nourrissons et/ou des petits enfants.

L’étude est intéressante car elle compare les deux méthodes, éviction alimentaire, d’une part, contre induction d’une tolérance orale spécifique, d’autre part, sur le plan de l’efficacité et de la sévérité des symptômes.

Les sujets étaient ou bien allergiques au lait de vache ou bien à l’œuf de poule. Bien sûr, le caractère IgE dépendant des réactions alimentaires était démontré.

Le groupe induction d’une tolérance orale spécifique fait mieux que le groupe éviction tant du point de vue de l’efficacité avec augmentation du seuil réactif que celui de la diminution des réactions allergiques persistantes.

On notera que le protocole d’induction de la tolérance orale spécifique se faisait en ambulatoire.

Pour toutes ces raisons, cette alternative à l’éviction simple paraît très intéressante.

De plus, il est beaucoup plus sympathique de proposer une méthode qui n’interdise pas et qui évitera l’écueil de la prise inopinée du trophallergène.

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