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Les parvalbumines, une histoire en queue de poisson…
lundi 23 juin 2008, par
Les parvalbumines sont l’allergène majeur des poissons. Les poissons forment un groupe si hétérogène que ce groupe n’existe d’ailleurs plus au sens strict dans les classifications actuelles… Il est donc important de vérifier que cette hétérogénéité taxonomique n’entraîne pas de disparités immunologiques des parvalbumines !
Comparaison entre les formes naturelles et recombinantes des parvalbumines de morue et de carpe, un allergène majeur des poissons. : Ma Y, Griesmeier U, Susani M, Radauer C, Briza P, Erler A, Bublin M, Alessandri S, Himly M, Vàzquez-Cortés S, Rincon de Arellano IR, Vassilopoulou E, Saxoni-Papageorgiou P, Knulst AC, Fernández-Rivas M, Hoffmann-Sommergruber K, Breiteneder H.
Center for Physiology, Pathophysiology and Immunology, Department of Pathophysiology, Medical University of Vienna, Vienna, Austria. Fax : +43-1-40400-5130.
dans Mol Nutr Food Res. 2008 May 26
– Contexte :
- La réaction allergique suivant l’ingestion de poisson peut déclencher des réactions menaçant le pronostic vital chez des individus prédisposés.
- Les parvalbumines de différentes espèces ont été identifiées comme étant les allergènes majeurs de poisson.
- Il y a deux lignées phylogénétiques distinctes de parvalbumines, alpha et bêta.
- La plupart des réactions allergiques sont causées par les parvalbumines bêta.
– Méthodes :
- Nous avons cloné et exprimé des fragments d’ADNc codant pour les parvalbumines de morue (Gadus morhua) et de carpe (Cyprinus carpio) et purifié une parvalbumine bêta naturelle de morue.
- Les spectres CD (dichroïsme circulaire ?) des protéines purifiées ont montré que leurs structures secondaires étaient globalement similaires.
- Aucune différence en matière de stabilité thermique n’a été notée dans les formes de parvalbumines naturelles de morue liées au calcium ou ayant subi une déplétion en calcium.
- L’IgE réactivité a été établie par l’utilisation de tests immunoblot et ELISA sur 26 sera de patients espagnols, hollandais et grecs, allergiques au poisson.
– Résultats :
- 25 patients sur les 26 présentant une IgE réactivité vis-à-vis de la parvalbumine native et recombinante de morue ont également réagi à la parvalbumine recombinante de carpe.
- Des tests d’inhibition ont été réalisés en utilisant des extraits de morue et de carpe et des parvalbumines recombinantes purifiées de morue et de carpe.
- Une forte réactivité croisée entre les parvalbumines de morue et de carpe a été observée aussi bien en immunoblot qu’en test en phase fluide.
- Les parvalbumines naturelles et recombinantes ont donné des résultats comparables dans les différents tests diagnostics in vitro réalisés.
Pour 26 patients espagnols, grecs et hollandais, allergiques au poisson par le biais d’une IgE réactivité aux parvalbumines, il a été mis en évidence une réactivité croisée entre les parvalbumines de morue et de carpe, aussi bien pour les formes naturelles purifiées que pour les formes recombinantes.
Conséquence pratique : pour établir une IgE réactivité aux parvalbumines le praticien pourra, avec une bonne probabilité de pertinence, utiliser indifféremment des parvalbumines de morue ou de carpe que ce soit dans leurs formes naturelles purifiées ou recombinantes.
Actuellement, le recombinant rCyp c 1 est disponible en test de routine.
Les poissons sont en cause dans 3% des allergies alimentaires chez l’adulte et dans 7% des cas chez l’enfant (données du CICBAA).
Cette allergie, parfois extrêmement sévère, a tendance à persister.
Il est important de souligner que les réactivités croisées parmi les parvalbumines ne sont pas systématiques : environ la moitié seulement des patients allergiques à un poisson seraient allergiques à un ou d’autre(s) poisson(s).
Il serait donc inopportun d’étendre les conclusions de cette étude à d’autres parvalbumines…
Les parvalbumines sont des protéines se liant au calcium, essentiellement présentes dans les muscles, et plus particulièrement les muscles clairs.
Notons que c’est une parvalbumine qui a été le premier allergène moléculaire caractérisé, par Aas K., en 1966.
Les parvalbumines, pour importantes qu’elles soient, ne sont pas les seuls allergènes des poissons, mais il faut dire que bien peu de ces allergènes « autres que parvalbumines » ont été caractérisés.
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