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En cas de piqûre d’insecte, il est « taon » de ne pas penser qu’à la guêpe !
vendredi 12 septembre 2008, par
Beaucoup de patients consultant pour des réactions systémiques après piqûres supposées d’hyménoptères ne sont pas capables d’identifier avec certitude l’insecte piqueur. Des réactions ont été décrites aussi avec d’autres insectes, par exemple les moustiques. Les auteurs rapportent ici 2 cas de réaction après piqûre de taon.
Le syndrome guêpe-taon : Quercia O, Emiliani F, Foschi FG, Stefanini GF.
Dipartimento di Medicina Interna, Ospedale per gli Infermi di Faenza (RA), Italia
dans Eur Ann Allergy Clin Immunol. 2008 Jun ;40(2):61-3
– Description
- Sont décrits ici le cas de 2 hommes de 57 et 62 ans, connus antérieurement comme allergiques au venin d’hyménoptères, qui ont présenté après une piqûre de taon une réaction généralisée de degré 3 à 4 dans la classification de Mueller
– Méthodes
- Le diagnostic a été porté cliniquement après une anamnèse adaptée concernant les conditions de l’environnement, et à l’aide de prick-tests et de Rast, et confirmation par une analyse entomologique spécifique
– Commentaires
- Dans la littérature, le syndrome guêpe-moustique a été décrit, la hyaluronidase ayant été considérée comme l’allergène croisé entre le venin de l’hyménoptère et la salive du moustique, déclenchant la réaction
- Les auteurs pensent possible de prendre aussi en considération l’existence d’un syndrome guêpe-taon
– Conclusions
- Ils supposent l’augmentation du risque de réaction anaphylactique aux piqûres de Tabanidae, relativement fréquentes dans des zones où l’on trouve des animaux et des ruisseaux, chez des sujets sensibilisés aux piqûres d’hyménoptères
- Ils suggèrent aussi la possibilité que, chez ces sujets, certaines réactions systémiques soient dues en fait aux piqûres de Tabanidae, plutôt qu’à l’échec d’une immunothérapie spécifique aux venins d’hyménoptères.
Les auteurs rapportent 2 cas de réaction systémique sévère après piqûre de taon, chez des patients connus allergiques au venin d’hyménoptère.
Le bilan allergologique et entomologique, associé à l’environnement au moment de la piqûre, ont permis de porter le diagnostic.
Prenant exemple sur le syndrome guêpe-moustique déjà décrit dans la littérature, les auteurs pensent possible qu’existe parallèlement un syndrome guêpe-taon.
Concernant les mécanismes de l’allergie, ils soulèvent deux possibilités :
– que les sujets sensibilisés aux hyménoptères aient un risque accru de réaction au taon (ce qui pourrait évoquer une allergie croisée, comme cela existe avec les moustiques par le biais de la hyaluronidase, mais ils ne se prononcent pas sur cet aspect)
– qu’il existe une allergie vraie au taon, alors qu’on aurait tendance spontanément à évoquer, en première intention chez ces patients allergiques aux hyménoptères, un échec de l’immunothérapie préalable au venin.
La littérature apporte quelques données complémentaires :
– Hemmer (J Allergy Clin Immunol 1998) a mis en évidence une protéine des glandes salivaires de Tabanidae capable de se fixer aux IgE
– Sabbah (Allerg Immunol 2000) avait évoqué la possibilité d’une réaction guêpe/moustique/taon
– Focke (Allergy 2003) a décrit un cas d’allergie spécifique au taon.
Ces données sont parcellaires, mais la fréquence des cas décrits est faible. Cela doit inciter en tout cas, comme toujours en médecine, à un interrogatoire scrupuleux devant un patient suspect d’allergie à un insecte piqueur, pour ne pas conclure trop vite que tout vient des hyménoptères. De même chez un patient sous immunothérapie qui ferait une réaction systémique après une nouvelle piqûre, sauf si l’insecte est identifié clairement.
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