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Les pollens sont dans le vent, c’est indéniable !
mercredi 3 décembre 2008, par
La pollinose est un sujet majeur en allergologie. Nous progressons chaque jour dans la connaissance de la réactivité des polliniques vis-à-vis des molécules, c’est-à-dire des allergènes. Mais nous sommes loin d’avoir fait le tour des questions concernant les sources de ces pollens et leurs distributions : et l’un ne va pas sans l’autre !...
Les bouleaux du sud de l’Angleterre sont-ils une source de pollen de Betula pour le nord de Londres ? : Skjøth CA, Smith M, Brandt J, Emberlin J.
Department of Atmospheric Environment, National Environmental Research Institute, University of Aarhus, P.O. Box 358, Frederiksborgvej 399, 4000, Roskilde, Denmark
dans Int J Biometeorol. 2008 Nov 11
– Contexte :
- Le pollen de bouleau est très allergisant.
- La connaissance des variations quotidiennes, du transport atmosphérique et des aires de sources de pollen de bouleau est importante pour les études d’exposition et pour l’information du public, en particulier pour les grandes villes telles que Londres.
– Méthodes et résultats :
- Nos observations montrent que des forêts de feuillus à haute densité de bouleaux sont situées au sud et à l’ouest de Londres.
- Des mesures bi-horaires des concentrations de pollen pour tous les jours inclus dans l’étude, et pour tous les jours présentant des concentrations élevées de pollen de bouleau (moyenne quotidienne de pollen de bouleau> 80 grains / m3), montrent que, en moyenne, il ya un pic entre 1400 heures et 1600 heures.
- L’analyse des trajectoires de retour a montré que, les jours de forts comptes de pollens de bouleau (n = 60), 80% des masses d’air arrivant au moment du pic diurne de pollens de bouleau arrivent sur le nord de Londres en provenance du sud par un arc de 180 degrés d’est en ouest.
- Des enquêtes détaillées sur trois épisodes de pollen, avec différents profils diurnes par rapport au cycle moyen quotidien, ont été utilisés pour illustrer la façon dont le pic nocturne (22H00-04H00) pourrait être le résultat de transport à partir de sources éloignées ou d’un long temps de transport en raison de la lenteur de déplacement des masses d’air.
– Conclusions :
- Nous concluons que le pollen de Betula enregistré dans le nord de Londres pourrait provenir de sources trouvées à l’ouest et au sud de la ville et pas seulement des arbres situés à l’intérieur de la ville de Londres.
- Les sources possibles en dehors de la cité incluent l’Europe continentale et les bouleaux des grandes forêts de feuillus du Sud de l’Angleterre.
La principale conclusion de cette étude est que la présence de pollens en un lieu donné n’est pas seulement liée à la présence locale de plantes émettant ces pollens : les pollens voyagent selon des modalités encore peu connues et peuvent donc provenir de sources plus ou moins éloignées.
Les forêts du Sud de l’Angleterre, voir même certaines zones de l’Europe continentale seraient les principales zones de production des pollens de bouleau que l’on compte à Londres…
L’anémophilie est le principal mode de pollinisation observé en matière de pollinose.
Jusqu’à présent les études de modélisation des voyages effectués par les pollens avant d’atteindre leurs cibles sont fort rares aussi faut-il saluer le travail de cette équipe danoise.
En 2001, dans la revue Nature, était publiée une étude confirmant la contamination de maïs mexicains par des pollens de maïs génétiquement modifiés distants d’une centaine de kilomètre…
Dans un article du journal « le Monde », en 2004, il était rapporté qu’une équipe de chercheurs de l’Agence pour la protection de l’environnement et de l’US Geological Survey avait constaté que le pollen du stolonifera transgénique pouvait féconder des plantes situées jusqu’à 21 km des parcelles "sources".
D’autres auteurs font état de trajets supérieurs à 200km sans que l’on sache très bien par quelle méthode ils sont arrivés à ce résultat !...
Par ailleurs, certains rapportent que de nombreuses études montrent que les pollens de plantes voyagent, poussés par le vent, sur une très courte distance : 90% ne dépassent pas la centaine de mètres et, dans ce cas, les densités de pollens aéroportés sont très faibles...
Au total beaucoup de données, parfois contradictoires et rarement étayées, à l’exception probable des études concernant les plantes transgéniques où la contamination d’autres plantes apportent a posteriori la preuve du déplacement des pollens.
Dans l’étude qui nous intéresse, l’analyse des trajets paraît « probabiliste », basée sur une modélisation, sans preuve réelle de l’origine des pollens : on ne sait pas marquer des pollens et les suivre ensuite au cours de leur dissémination : malheureusement…
Il reste donc beaucoup à faire dans ce domaine, non seulement dans une optique d’information de la population, mais encore dans la connaissance des conditions d’expositions des patients polliniques.
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