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APLV : le combat des molécules, animales ou végétales ?!
jeudi 25 mars 2010, par
Le traitement de l’allergie aux protéines de lait de vache est simple, il s’agit de l’éviction et de l’alimentation par un hydrolysat poussé de protéines de lait de vache, ou par un hydrolysat de protéines de riz ou par un aliment à base de protéines de soja. Mais, ces différents types d’aliment de substitution ont-ils des performances différentes sur le temps d’obtention de la tolérance au lait de vache ? C’est tout le sujet de ce travail.
Impact du régime alimentaire sur la durée de l’allergie aux protéines de lait de vache : une étude randomisée par assignation aléatoire. : L. Terracciano 1 , G. R. Bouygue 1 , T. Sarratud 1 , F. Veglia 1 , A. Martelli 1 and A. Fiocchi 1
1 Department of Child and Maternal Medicine, Paediatric Division, University of Milan Medical School at the Melloni Hospital, Milan, Italy
dans Clinical & Experimental Allergy
Volume 40 Issue 4, Pages 637 - 642
– Contexte :
- On ne connait pas l’impact du régime alimentaire sur la durée de l’allergie aux protéines au lait de vache (APLV) et on ne sait pas si l’exposition à des quantités résiduelles de ces protéines a une influence sur l’apparition de la tolérance.
– Objectif :
- Evaluer de façon prospective les facteurs alimentaires influençant la durée de la maladie dans une cohorte randomisée.
– Méthodes :
- Nous avons changé la formule de façon aléatoire de patients symptomatiques de l’APLV provenant de la cohorte de Milan à l’un des trois groupes de traitement en fonction d’une rotation trimestrielle :
- une formule d’hydrolysat de riz,
- un hydrolysat poussé de protéines de lait de vache
- et une formule à base de soja.
- Dans cette analyse randomisée en « intention-to-treat », un modèle d’estimation du rapport des risques instantanés « hazard ratio ou HR » a été utilisé pour analyser les répercussions du régime alimentaire sur la durée de la maladie.
– Résultats :
- Soixante-deux enfants âgés en moyenne de 14,1 ± 8,6 mois lors du diagnostic ont été suivis pendant une médiane de 26 mois.
- Cinquante et un enfants ont atteint la tolérance à une moyenne de 34,1 ± 15,2 mois.
- La durée moyenne de la maladie était de 40,2 ± 4,8 mois avec l’hydrolysat poussé de protéines de lait de vache, 24,3 ± 3,6 mois, avec du riz et de 24,3 ± 2,6 mois avec le soja.
- Le régime alimentaire choisit indépendamment était prédictif d’une plus courte durée de la maladie [HR ajusté 3,09 (P = 0,007) pour le riz, HR ajusté 2,54 (P = 0,02) pour le soja, les deux à la fois contre l’hydrolysat de lait].
- Chez 50 enfants non co-sensibilisés au soja, le choix du régime nutritionnel impactait la durée de la maladie plus fortement [HR 8.02 (P = 0,006) pour le riz, 6,53 (P = 0,015) pour le soja, à la fois contre l’hydrolysat de lait].
– Discussion :
- Les patients non exposés à des résidus de protéines de lait de vache acquièrent la tolérance au lait de vache plus précocement que les patients qui reçoivent un hydrolysat poussé de protéines de lait de vache.
- Ce phénomène est peut-être dû à antigénicité résiduelle du lait de vache hydrolysé.
- Comme l’effet des interventions nutritionnelles est plus fort chez les patients non sensibilisés au soja, nous en déduisons que lorsque la maladie atopique a évolué sous forme de polysensibilisation, l’élimination de l’exposition allergénique pourrait ne pas suffire à réduire la durée de l’allergie aux protéines de lait de vache.
Cette étude d’origine italienne est fort judicieuse.
Effectivement, ne vaut-il pas mieux utiliser des « laits artificiels » éloignés au plan moléculaire du lait de vache en cas d’APLV ?
Les résultats sont là, les enfants ayant reçu un hydrolysat de protéines de riz ou un aliment préparé à partir du soja acquièrent une tolérance vis-à-vis du lait de vache plus précocement : 24 mois pour ces laits « végétaux » et 40 mois pour l’hydrolysat poussé de protéines de lait de vache.
Bien sûr, c’est encore plus vrai pour les sujets non sensibilisés au soja.
Toutefois, ces résultats interpellent suffisamment pour attendre confirmation par d’autres études similaires qui ajouteraient un bras acides aminés.
On s’interroge, les fragments protéiques des hydrolysats poussés des protéines de lait de vache seraient suffisamment courts pour ne pas engendrer de réactions cliniques mais suffisamment « longs » pour entretenir une mémoire immunitaire.
Ce phénomène demanderait une expertise biologique afin de montrer l’existence de mécanismes.
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