Un passage au niveau moléculaire plein d’entrain !…

lundi 24 janvier 2011 par Dr Hervé Couteaux485 visites

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Un passage au niveau moléculaire plein d’entrain !…

Un passage au niveau moléculaire plein d’entrain !…

lundi 24 janvier 2011, par Dr Hervé Couteaux

Est-ce que les niveaux d’IgE pour d’autres aliments que des Rosacées sont prédictifs de l’allergie chez les patients réactifs aux LTP alimentaires ?:R. Aseroa, A. Arenab, L. Cecchic, M.E. Conted, M. Crivellaroe, F. Emilianif, F. Lodi Rizzinig, R. Longoh, P. Minalei, F. Murzillij, A. Musarrak, F. Nebiolol, O. Querciaf, E. Ridolom, E. Savin, G.E. Sennad, D. Villaltao

dans Int Arch Allergy Immunol 2011 ;155:149-154 (DOI : 10.1159/000318864)

 Contexte :

  • Les protéines de transfert lipidique (LTP), la cause la plus fréquente d’allergie alimentaire primaire en Italie, est un panallergène croisant d’origine végétale.
  • Des marqueurs en mesure de prédire si un patient sensibilisé à certains aliments, mais pas encore cliniquement allergique développera une allergie seraient extrêmement utiles.

 Objectif :

  • L’objectif de cette étude a été d’étudier la pertinence du taux d’IgE pour certains aliments d’origine végétale autres que des Rosacées comme prédicteurs d’une réaction allergique locale ou systémique chez des sujets allergiques aux LTP.

 Méthodes :

  • Cent (40 hommes, 60 femmes, âge moyen 29 ans) patients allergiques à la pêche monosensibilisés aux LTP, vus dans 14 centres italiens en 2009, ont été étudiés.
  • Les allergies aux noix, noisettes, arachides, tomates, riz et/ou au maïs ont été établies sur entretien et confirmées par un pricktest cutané positif.
  • Les taux d’IgE à ces aliments et à rPru p 3 ont été mesurés.

 Résultats :

  • Des niveaux plus élevés d’IgE à Pru p 3 ont été associés à une plus grande prévalence de l’allergie à la noisette, à l’arachide et à la noix.
  • Pour tous les aliments étudiés, à l’exception du riz, la médiane des taux d’IgE chez les sujets allergiques a largement dépassé celles des sujets tolérants, mais à l’intérieur même des groupes allergiques, les différences entre les patients rapportant des symptômes locaux (oraux) ou systémiques ne sont pas significatives.
  • Des niveaux de seuil des IgE prédictifs à 95% d’une allergie clinique ont été établis pour les aliments étudiés, bien que les chevauchements importants entre sujets allergiques et tolérants les rendent peu utiles.

 Conclusion :

  • Les niveaux d’IgE spécifiques ne sont que partiellement prédictifs de l’allergie clinique.
  • Les raisons pour lesquelles certains individus présentant de faible taux d’IgE spécifiques développent une allergie clinique tandis que d’autres montrant des taux d’IgE élevés ne le font pas, malgré une exposition similaire à l’aliment, restent floues.

Si les auteurs ont bien noté une plus grande prévalence des allergies à la noix, la noisette et l’arachide chez ceux dont le test d’IgE rPru p 3 était fortement positif, ils n’ont pas pu retrouver de seuils prédictifs de la survenue d’une allergie pour des tests IgE vis-à-vis d’aliments autres que des Rosacées.

En clair, on ne sait pas reconnaître, parmi les patients IgE réactifs à rPru p 3, ceux qui feront une allergie et ceux qui n’en feront pas, en tout cas pas sur la base de niveau d’IgE-réactivité vis-à-vis de certains aliments (noix, noisettes, arachides, tomates, riz et/ou maïs).

Vu les aliments étudiés et connaissant les différences d’IgE-réactivité entre Pru p 3 et Cor a 8, on peut se demander si les auteurs n’auraient pas mieux fait d’utiliser le test rCor a 8, sans préjuger d’éventuelles différences dans les résultats...

Même si les résultats de cette étude ne sont pas à la hauteur des espérances de certains, il faut encourager tout ce qui peut améliorer notre connaissance de l’histoire naturelle des allergies et des mécanismes qui la sous tendent, à savoir les IgE-réactivités au niveau des allergènes. C’est à ce prix que nous progresserons, tant dans la compréhension de la survenue d’une allergie que dans sa prise en charge.

C’est un peu le serpent de mer de l’allergologie que de trouver des facteurs prédictifs d’une réactivité clinique, surtout si, comme c’est le cas pour les LTP, les réactions sont potentiellement sévères : le passage au niveau moléculaire ne change (hélas…) rien à l’affaire, du moins pour le moment et les LTP n’ont pas encore livré tous leurs petits secrets !

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