Attention aux gènes de la vitamine D sur l’allergie alimentaire !

vendredi 4 novembre 2011 par Dr Alain Thillay1020 visites

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Attention aux gènes de la vitamine D sur l’allergie alimentaire !

Attention aux gènes de la vitamine D sur l’allergie alimentaire !

vendredi 4 novembre 2011, par Dr Alain Thillay

Interactions gène-vitamine D et sensibilisation alimentaire : étude prospective de cohorte de naissance. : Liu, X., Wang, G., Hong, X., Wang, D., Tsai, H.-J., Zhang, S., Arguelles, L., Kumar, R., Wang, H., Liu, R., Zhou, Y., Pearson, C., Ortiz, K., Schleimer, R., Holt, P. G., Pongracic, J., Price, H. E., Langman, C. and Wang, X. (2011),

Gene–vitamin D interactions on food sensitization : a prospective birth cohort study.

dans Allergy, 66 : 1442–1448. doi : 10.1111/j.1398-9995.2011.02681.x

 Contexte :

  • Il a été suggéré que la carence en vitamine D contribue au développement de la sensibilisation alimentaire et de l’allergie alimentaire.
  • Toutefois, les données épidémiologiques sont contradictoires.

 Objectif :

  • Nous avons pour objectif d’étudier si la carence en vitamine D mesuré sur le sang de cordon est associée à la sensibilisation alimentaire et si une telle association peut être modifiée par des variations génétiques dans une cohorte de naissance prospective.

 Méthodes :

  • Cette étude a inclus 649 enfants enrôlés à la naissance et suivis dès la naissance au Centre Médical de Boston.
  • Nous avons défini la carence vitaminique D pour un taux de 25 (OH) D <11 ng/ml sur sang du cordon, et sensibilisation alimentaire pour des IgE spécifiques ≥ 0,35 kUA/l à l’un des huit allergènes alimentaires courants de la petite enfance.
  • Nous avons établi le génotype des polymorphismes nucléotidiques simples potentiellement fonctionnels dans 11 gènes connus pour être impliqués dans la régulation des IgE et 25 (OH) D.
  • Des régressions logistiques ont été utilisés pour tester les effets de la carence vitaminique D sur les sensibilisations alimentaires, individuellement et conjointement avec les polymorphismes nucléotidiques simples.

 Résultats :

  • Parmi les 649 enfants, 44% avaient une carence vitaminique D et 37% des sensibilisations alimentaires.
  • Lorsqu’on les examine seul, la carence en vitamine D n’était pas associée avec la sensibilisation alimentaire.
  • Lorsqu’ils sont examinés conjointement avec les polymorphismes nucléotidiques simples, une interaction significative entre le polymorphisme du gène IL-4 (rs2243250) et la carence vitaminique D (P interaction = 0,003, P FDR = 0,10) a été trouvé : la carence vitaminique D augmentait le risque de sensibilisation alimentaire chez les enfants porteur des génotypes CC/CT (OR=1,79 ; IC 95% : 1,15 à 2,77).
  • Des interactions similaires mais plus faibles ont été observés pour des polymorphismes nucléotidiques simples dans MS4A2 (rs512555), FCER1G (rs2070901), et CYP24A1 (rs2762934).
  • Lorsque tous les quatre polymorphismes nucléotidiques simples ont été simultanément considérés, une forte interaction gène-carence vitaminique D était évidente (P interaction = 9×10-6).

 Conclusions :

  • Nos données démontrent que la carence vitaminique D pourrait augmenter le risque de sensibilisation alimentaire chez les sujets porteurs de certains génotypes, apportant la preuve de l’interaction gène-vitamine D et sensibilisation alimentaire.

L’hyperréactivité à IgE est le mécanisme principal qui explique l’allergie alimentaire. Toutefois, les causes exactes qui sous-tendent cette réactivité ne sont pas claires.

Parmi de nombreuses hypothèses, il en existe une qui concerne le déficit en vitamine D qui favoriserait l’IgE-réactivité alimentaire.

Les études épidémiologiques antérieures évaluant l’association entre le statut vitaminique D, les maladies allergiques et les phénotypes associés donnaient des résultats incompatibles.

Ces auteurs américains ont eu recours à la « Boston Birth Cohort » qui permet de suivre la paire mère/enfant sur une durée moyenne de 3,2 années +/- 2,3 années.

Le suivi est calqué sur les visites pédiatriques classiques concernant le diabète, la dermatite atopique, l’IgE-réactivité, avec de nombreux marqueurs comme le dosage du taux de vitamine D sur le sang du cordon et, lors de chaque visite, des ImmunoCAP spécifiques de 8 trophallergènes et 5 aéroallergènes pour ne citer que ceux-là.

L’étude inclut 649 enfants, 44% avaient une carence vitaminique D dès la naissance et 37% ont vu durant leur suivi se positiver les ImmunoCAP alimentaires.

Si on examine, le rapport de la carence vitaminique D seul, phénotype, avec l’IgE-réactivité, il n’y a pas d’association.

Il faut aller plus loin au niveau génotypique.

Ainsi en étudiant les polymorphismes nucléotidiques simples concernant le gène de l’IL-4 et le lien avec ceux qui commandent l’hypovitaminose D, il existe une relation significative, pour résumer simplement les résultats de cette étude.

C’est la première étude qui évalue l’effet du déficit vitaminique D au niveau du sang du cordon et des gènes-vitamine D sur le développement de l’IgE-réactivité aux aliments durant l’enfance en utilisant une étude prospective de cohorte de naissance.

Quelles seraient les faiblesses de ce travail ?

Tout d’abord le nombre de patients inclus qui apparaît insuffisant, il faudra confirmer avec des études plus larges.

Ensuite le nombre de gènes candidats pris en compte, ici onze parmi les plus connus impliqués dans la régulation de la synthèse des IgE et de la 25(OH)D.

D’autres gènes candidats se sont fait connaître dans ce domaine de régulation, il faudrait les inclure dans les prochains travaux.

De plus, il peut y avoir des effets confondants dus à la stratification et l’hétérogénéité de la population de la « Boston Birth Cohort ».

Enfin, les auteurs ont accepté le taux de 11 ng/ml de la 25(OH)D du sang du cordon comme valeur limite, c’est celle utilisée en néonatologie.

D’autres auteurs prennent comme limite 12 voire 15 ng/ml, ce qui risque de changer les résultats.

A la lecture de ce travail, force est de constater que l’on ne peut pas raisonner dans le domaine de l’allergie IgE-dépendante sans tenir compte de l’ensemble des autres processus à l’œuvre dans l’organisme humain.

Le manichéisme n’est donc pas de mise en Allergologie.

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