De l’œuf pour les allergiques ? seulement si il y a de l’IgA !

jeudi 20 mars 2014 par Dr Bertrand Lovato525 visites

Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > De l’œuf pour les allergiques ? seulement si il y a de l’IgA !

De l’œuf pour les allergiques ? seulement si il y a de l’IgA !

De l’œuf pour les allergiques ? seulement si il y a de l’IgA !

jeudi 20 mars 2014, par Dr Bertrand Lovato

Les IgA spécifiques de l ‘œuf ont ils un rôle dans l’induction de tolérance chez les enfants allergiques à l’œuf ? : Konstantinou GN, Nowak-Węgrzyn A, Bencharitiwong R, Bardina L, Sicherer SH, Sampson HA. Egg-white-specific IgA and IgA2 antibodies in egg-allergic children : Is there a role in tolerance induction ?.

dans Pediatr Allergy Immunol 2014 : 25 : 64–70.

 Objectifs

  • Cette étude grecque étudie les taux sériques d’IgA et plus particulièrement de la sous classe IgA 2 chez les enfants allergiques ou tolérants à l’œuf.

 Méthodes

  • 17 enfants allergiques à l’œuf ont été suivis longitudinalement avec mesure de leurs taux sériques d’IgA totaux, d’IgA et d’IgA 2 spécifiques au blanc d’œuf.

 Résultats

  • Après 2,5 ans +/- 0,9, 9 des 17 allergiques à l’œuf étaient devenus tolérants et 8 gardaient des signes d’allergie à l’œuf cuit.
  • Les taux d’IgA 2 spécifiques du blanc d’œuf étaient significativement plus bas chez les sujets allergiques (médiane de 23,9 ng/ml) que chez les sujets témoins (médiane de 99,4 ng/ml). Ces taux augmentaient significativement de 28% sur la période de l’étude chez 8 des 9 enfants devenus tolérants.

 Conclusion

  • Ces résultats suggèrent un rôle potentiel des IgA 2 dans l’induction de tolérance des trophallergènes.
  • Ces résultats semblent favoriser l’hypothèse que la production immature ou imparfaite d’IgA2 spécifiques d’un allergène pourrait être intégrée dans la physiopathologie de l’allergie alimentaire, un défaut qui serait sélectif pour l’allergène en question.

Les immunoglobulines A sont un isotype d’anticorps majoritairement produit au niveau des muqueuses, où elles constituent une première ligne de défense immunitaire contre les toxines et les agents infectieux présents dans l’environnement.

Dans l’intestin, la production d’IgA est fortement induite au cours de la colonisation des nouveau-nés par la flore intestinale, acquise au cours de l’accouchement et dans les heures qui suivent.

Il existe deux sous-classes d’IgA, appelées IgA1 et IgA2, qui se distinguent à la fois par leur structure et par leur distribution dans l’organisme.

La fixation des IgA aux microorganismes de la flore intestinale facilite l’échantillonnage de ces microorganismes au niveau des plaques de Peyer. Plusieurs données expérimentales suggèrent que ce mécanisme n’est pas tant important pour l’induction de réponses immunitaires que pour leur régulation et le maintien de la tolérance vis-à-vis d’antigènes ou de microorganismes inoffensifs.

Le déficit sélectif en IgA, dont la prévalence est à peu près de 1 sur 400 dans les pays occidentaux, est le déficit humoral le plus courant chez l’homme. Bien que pouvant être parfois associé à des infections des voies respiratoires ou digestives, ce phénotype est généralement asymptomatique. Ceci pourrait s’expliquer par des mécanismes de compensation, comme une production accrue des IgM et des IgG, permettant de maintenir une réponse humorale suffisamment efficace.
Il existe également plusieurs pathologies liées à la fixation anormale de complexes IgA-antigènes à des récepteurs cellulaires, comme la maladie cœliaque ou la néphropathie à IgA.

Cette étude confirme le rôle des IgA 2 dans la tolérance des allergènes alimentaires, plus particulièrement à l’œuf ici, et ouvre une perspective séduisante dans le diagnostic et le suivi de l’apparition de la tolérance chez les petits allergiques.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois