Oh ! les oléosines ne sont pas des allergènes à la noix !

lundi 12 mai 2014 par Dr Bertrand Lovato686 visites

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Oh ! les oléosines ne sont pas des allergènes à la noix !

Oh ! les oléosines ne sont pas des allergènes à la noix !

lundi 12 mai 2014, par Dr Bertrand Lovato

Les allergènes peptidiques de la noisette contenus dans la partie huileuse, notamment les oléosines, sont sous-représentés dans les extraits diagnostiques mais sont associés à des symptômes sévères : Laurian Zuidmeer-Jongejan1*, Montserrat Fernández-Rivas2, Marcel GT Winter1, Jaap H Akkerdaas1, Colin Summers3, Ans Lebens4, André C Knulst4, Piet Schilte5, Peter Briza6, Gabriele Gadermaier6 and Ronald van Ree17

1 Department of Experimental Immunology, Academic Medical Center, Meibergdreef 9, Amsterdam 1105 AZ, The Netherlands

2 Allergy Department, Hospital Clínico San Carlos, IdISSC, Madrid, Spain

3 CM&MC, Manchester, United Kingdom

4 Department Dermatology and Allergology, University Medical Centre Utrecht, Utrecht, The Netherlands

5 Department of Pediatrics, Medical Center Alkmaar, Alkmaar, TheNetherlands

6 Christian Doppler Laboratory for Allergy Diagnosis and Therapy, Department of Molecular Biology, University of Salzburg, Salzburg, Austria

7 Department of Otorhinolaryngology, Academic Medical Center, Amsterdam, The Netherlands

dans Clinical and Translational Allergy 2014, 4:4 doi:10.1186/2045-7022-4-4

 Objectifs

  • Les allergènes extraits de l’huile des graines (OAPs), tels que les oléosines, ont été rapportés pour des aliments importants, tels que l’arachide, le sésame et la noisette.
  • Cette étude recherche la présence de phénotypes cliniques spécifiques chez des patients réactifs aux OAPs, et si le diagnostic peut être fait par pricks tests.

 Méthodes

  • Un extrait d’OAPs de noisette a été caractérisé par spectrométrie de masse pour identifier ses principaux constituants.
  • Des anticorps polyclonaux de lapin dirigés contre ces OAPs de noisette.
    ont été utilisés
  • La présence de OAPs dans les extraits commerciaux de noisette pour pricks tests a été étudiée par immunoblot.
  • Des IgE spécifiques contre ces OAPs ont été mesurées dans le sérum de patients avec une histoire convaincante d’allergie à la noisette par RAST (n = 91), immunoblot (n = 22) et libération d’histamine des basophiles (n = 14).

 Résultats

  • La spectrophotométrie de masse montre que les OAPs sont majoritairement composés d’oléosines de 14 et de 17 kDa, avec également une bande de 27 kDa contenant des dimères d’oléosines et d’une protéine non identifiée.
  • 36/91 sérums contiennent des IgE spécifiques contre OAPs de noisettes, confirmée biologiquement par histaminolibération. La majorité (21/22) a reconnu les bandes des oléosines de 17 kDa, dont 11 exclusivement.
  • Ces réponses IgE spécifiques vis à vis des OAPs, dominés par oléosine, ont été associés à des réactions systémiques à la noisette (OR 4,24, p = 0,015) et des pricks tests négatifs.
  • L’analyse par immunoblot utilisant des anticorps spécifiques de lapin démontre que les réactifs commerciaux pour pricks sont pratiquement dépourvus de OAPs, pouvant donc entrainer de faux négatifs en pricks.
  • L’enrichissement des réactifs commerciaux en OAPs restaure sur l’immunoblot la liaison aux IgE sériques de ces patients faux négatifs en tests cutanés.

 Conclusion

  • Les allergènes de noisettes trouvés dans les extraits huileux, sont associés à des réactions systémiques plus graves et de fréquents tests cutanés négatifs.
  • Les extraits diagnostiques « dégraissés » sont pratiquement dépourvus de ces allergènes, ce qui entraîne une faible sensibilité pour la détection des IgE contre ces molécules cliniquement pertinentes.

Les plantes oléagineuses stockent les lipides dans des structures spécialisées appelées oléosomes contenus dans les cellules de l’embryon dans la graine. Lorsque la graine germe, les réserves lipidiques sont libérées et mobilisées pour la croissance de la nouvelle plantule. Les oléosomes sont constitués d’un coeur de lipides neutres hydrophobes, entouré d’une monocouche de phospholipides, elle-même stabilisée par des protéines particulières appelées oléosines.

Les oléosomes, considérés jusqu’ici comme d’inertes sacs de lipides, sont en train de gagner le statut d’organites ayant une structure organisée, au fur et à mesure que les connaissances progressent.

Les biologistes, de plus en plus intéressés, découvrent que, outre les oléosines, qui ont un rôle essentiellement structural, l’enveloppe des oléosomes contient de nombreuses enzymes actives, dont les rôles ne sont pas tous connus. Certaines protéines pourraient capter des signaux cellulaires, régulant finement le rôle des oléosomes, leur déplacement dans la cellule et leurs liens avec les autres compartiments cellulaires. 



Ce que l’on connaît actuellement des oléosines chez les végétaux laisse à penser qu’elles ont un rôle majeur dans la formation et la stabilité des oléosomes et par suite, dans leur résistance lors de l’extraction des lipides. Elles déterminent en particulier la taille des oléosomes, qui conditionne elle-même leurs propriétés fonctionnelles

La première oléosine identifiée comme allergène alimentaire a été celle de l’arachide (Ara h 10 et Ara h 11) suivie par celle du sésame (Ses i 4 et Ses i 5). On connaît également les oléosines de noisette (Cor a 12 et Cor a 13), de noix et de soja.

Les oléosines sont très hydrophobes et sont donc peu solubles, une fois extraites de leur environnement huileux.

Cette présente étude réussit à établir l’allergénicité des OAPs, et confirment le rôle important des oléosines comme allergène majeur des huiles ou dérivés huileux. La nature hydrophobe des OAPs explique également leur quasi-absence des réactifs pour tests cutanés.

La faible sensibilité des tests pour la détection des OAPs peut être à la base de faux négatifs chez des patients pourtant avec une histoire convaincante d’allergie à la noisette.

Le développement de réactifs contenant des oléosines recombinantes solubles utilisés à des fins diagnostiques est donc de première importance, pour établir formellement le rôle des oléosines dans les allergies graves aux légumineuses , noix et graines .

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