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Podcast : environnement intérieur, votre meilleur ennemi
dimanche 1er juin 2025, par
Je vous emmène pour un long voyage… dans l’air. Mais pas celui des montagnes, ni celui du bord de la mer. Je veux plutôt parler de cet air que vous inspirez sans y prêter attention, dans votre appartement, au bureau, dans votre voiture, et qui représente plus de 90 % de l’air que vous respirez dans votre vie, avec en moyenne 15 000 litres respirés par jour. Je suis sûr que vous ne pensez probablement jamais à sa composition.
Or, cet élément essentiel à la vie peut se révéler être un allié précieux ou un adversaire redoutable. Allergènes, irritants, particules fines, composés chimiques insaisissables… L’air intérieur est aujourd’hui considéré comme étant 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). Ça fait du monde qui essaye de vous dire qu’il y a un problème, mais je crois que, globalement, la population, vous et moi, on s’en fiche un peu. C’est plus facile de se plaindre de la pollution extérieure, celle-là c’est la faute aux autres hein, pas nous.
Il est d’ailleurs surprenant de constater qu’en voulant éviter les polluants urbains, nous finissons par en accumuler d’autres, pires, dans notre espace clos en fermant nos fenêtres. Comment purifier notre refuge sans vivre dans une bulle ? Nous allons aborder cette question en quatre grands thèmes, avec plusieurs exemples concrets et solutions pratiques.
La pollution c’est d’abord des poussières dans l’air
il y en a des grosses, elles vont dans le nez, on les mouche, on les voit. celles-là, elles nous dérangent puisqu’on les voit et pourtant ce sont les moins embêtantes car le souci en terme de poussière, ce sont les petites particules, celles que l’on appelle les particules fines (PM2,5, PM5, PM10) : des assaillants insaisissables
Les particules fines constituent les vedettes de la pollution atmosphérique, intérieure ou extérieure
On les classe en fonction de leur taille et on les appelle PM pour particulate matter, que l’on pourrait traduire par particule de matière :
- les PM10 : inférieures à 10 micron mètre, elles atteignent le nez, la gorge et les bronches ;
- les PM2,5 : de 2,5 microns ou moins, elles peuvent pénétrer jusqu’aux alvéoles pulmonaires.
- les PM5 : de taille intermédiaires, elles combinent les inconvénients des deux.
Vous vous demandez où on les trouve ?
Partout :
- Émises lors de la combustion du tabac, du bois, du gaz,
- À la cuisson des aliments, en particulier la friture, les grillades, le wok ;
- Quand vous allumez des bougies parfumées, de l’encens, un poêle à bois ;
- Quand vous vaporisez des sprays et des aérosols ménagers ;
- Et bien sûr par l’intrusion de la circulation externe via les fenêtres, les balcons et les stationnements souterrains.
Mais ce n’est pas fini. Ces particules fonctionnent comme des véhicules de covoiturage pour les allergènes.
- Pollens
- Spores fongiques
- Fragments d’acariens
- Particules de détergents
- Colophane
- Microfibres
Ces particules irritent les voies respiratoires, provoquant des crises d’asthme, aggravant la bronchite, exacerbant les symptômes chez les personnes allergiques et affaiblissant les défenses naturelles.
Vous vous demandez peut-être quelles en sont les conséquences pour la santé ?
Les taux de particules fines PM2,5 qui s’infiltrent dans la circulation sanguine sont corrélées à une augmentation :
- des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux, AVC,
- des troubles cognitifs et de mémoire,
- de nombreux cancers,
- de l’asthme et des bronchites chroniques,
- des infections respiratoires chez les enfants,
- et à une baisse de la fertilité.
D’après une enquête de l’Agence européenne pour l’environnement, environ 400 000 décès prématurés par an en Europe sont attribuables à une exposition accrue aux particules fines.
Que faire en pratique ?
- Utiliser un aspirateur muni d’un filtre HEPA 14 pour aspirer sans relarguer
- Préférer un chiffon humide qui va fixer les poussières à un plumeau qui va bien souvent les remettre en suspension
- Réduire les textiles présents dans la maison (moquettes, rideaux épais, coussins, peluches).
- Aérer deux fois par jour, hors des pics de pollen et de pollution c’est à dire le plus souvent tôt le matin.
- Si vous êtes particulièrement fragiles, vous pouvez envisager d’investir dans un purificateur d’air équipé d’un filtre HEPA ou à charbon actif pour assainir l’air.
- Mais d’abord et avant tout : limitez les sources intérieures, c’est à dire pas de fumée, pas de bougies, pas d’encens, pas d’huiles essentielles en diffusion.
Parlons désormais des composés organiques volatils (COV) et des autres gaz
la chimie invisible de votre quotidien. Vous avez sûrement en tête les campagnes contre la malbouffe et ses perturbateurs endocriniens responsables de l’épidémie d’obésité hein ? Alors dites vous un instant que votre air, c’est pareil : vous respirez un air ultra-transformé, votre asthme, votre état de santé, il est également perturbé par cet air intérieur malsain.
Les COV sont partout dans nos intérieurs. les principaux sont le formaldéhyde, le benzène, le toluène, le limonène.
Les principales sources de pollution
- Les meubles neuf, en particulier ceux en panneaux de particules ou en MDF (Medium Density Fiberboard qui signifie en français panneau de fibres à densité moyenne)
- Les adhésifs, laques, peintures.
- Les détergents pour usage domestique, nettoyants multi-surfaces.
- Les lessives, assouplissants parfumés.
- Les désodorisants, sprays d’ambiance, bougies parfumées.
- Les diffuseurs d’huiles essentielles, l’encens.
Pourquoi les huiles essentielles sont-elles problématiques ?
Oui, elles sont naturelles bien sûr. Le tabac aussi est naturel hein, le cannabis aussi. Mais, diffusées à chaud ou vaporisées, elles relâchent des terpènes (allergènes puissants) et des aldéhydes (composées organiques volatils, COV) irritants pour les bronches et allergènes pour la peau. À forte dose, elles aggravent les symptômes asthmatiques, provoquent des dermatites, et participent à la pollution de votre air.
- Vous pouvez avoir du monoxyde de carbone (CO) : libéré par les chaudières, les cheminées et les poêles défectueux. Mortel à forte concentration, irritant à faible concentration.
- Du dioxyde d’azote (NO₂) : produit par les plaques de cuisson au gaz, les fours, les chaudières, il exacerbe l’asthme.
- De l’Ozone (O3) : formé par la réaction entre les COV et la lumière. Irritant majeur. Il est libéré dans l’air intérieur par certains équipements de bureau tels que les imprimantes laser et les photocopieuses, et par certains types d’épurateurs d’air tels que les générateurs électriques ou les générateurs d’ions.Vous voulez épurer, vous aggravez le problème.
Quelques données intéressantes en passant
Dans une enquête de l’office de la qualité de l’air intérieur (OQAI), 40 % des logements français dépassaient les seuils recommandés en formaldéhyde. Le benzène, classé cancérogène avéré, était retrouvé dans près de 25 % des logements.
Alors que faire ?
- Abandonner les aérosols et les désodorisants, utilisez les produits liquides non parfumés dont vous imbiberez le chiffon pour le nettoyage.
- Choisir des peintures, des colles et des vernis étiquetés A+.
- Privilégier les produits bruts (savon noir, pierre blanche, bicarbonate, vinaigre : attention à ne pas les mélanger !).
- Utiliser des applications comme Yuka pour scanner les produits ;
- Assurez-vous de bien aérer la pièce après des travaux ou l’installation de nouveaux meubles et préférez les anciens meubles aux nouveaux.
- Prendre soin de faire entretenir ses appareils à combustion tous les ans.
- Si vous roulez beaucoup, évitez les voitures neuves, préférez les véhicules d’occasion surtout si vous êtes en âge d’avoir des enfants ou en transportez souvent.
Allergènes aériens et autres pièges…
En terme d’allergènes intérieurs, il y a parfois des insoupçonnés :
- Les parfums des lessives, assouplissants, gels douche, savons.
- Les conservateurs pour ces même produits, comme les méthylisothiazolinones et les parabènes.
- La colophane, la lanoline, les conservateurs de caoutchoucs : dans les aérosols, la colle, les pansements, les instruments de musique et les chaussons d’escalade.
Les grands classiques bien sûr, que vous connaissez déjà :
- Acariens : matelas, coussins, peluches, tapis.
- Moisissures : endroits humides, cuisines, salles de bain, caves.
- Squames animales : poils, plumes, salive.
Les mesures préventives éprouvées sont :
- L’utilisation de housses anti-acariens.
- Le lavage des draps à 60 °C.
- L’usage d’un aspirateur HEPA 14
- La surveillance des moisissures derrière les meubles (plans froids), dans les salles de bains et les fenêtres.
- Le maintien d’une hygiène stricte pour les animaux qui ne vont évidemment pas dans les chambres (brossage régulier, nettoyage des paniers).
Avez-vous pensé à l’humidité, cet amplificateur silencieux.
Parce que, oui, la quantité d’eau dans l’air contribue à votre bien être. Idéalement vous vivez autour de 50% d’hygrométrie, en dessous de 30% vous vous asséchez, au-delà de 70% c’est un problème.
Le rôle de l’humidité est souvent sous-estimé :
- Elle favorise la croissance des moisissures.
- Elle multiplie la présence des acariens.
- Elle accroît la quantité de COV dans l’air.
- Elle facilite la propagation des allergènes.
Certains signes doivent vous alerter
- Une odeur de moisissure.
- Des taches sombres ou verdâtres sur les murs, derrière les meubles
- Une condensation persistante sur les vitres.
- L’air semble lourd et étouffant.
Il existe des solutions simples pour améliorer ce souci d’humidité :
- La ventilation naturelle ou mécanique (VMC).
- La réparation des fuites.
- L’utilisation d’un déshumidificateur dans les zones à risque.
- Le séchage du linge dehors.
- Le séchage des surfaces après la douche, pour éviter l’évaporation de cette eau dans votre air.
Les femmes enceintes et les nourrissons sont les êtres les plus vulnérables.
En effet :
- Les composés organiques volatils traversent le placenta.
- Les nourrissons respirent deux fois plus d’air par rapport à leur poids corporel que les adultes.
- Ils rampent sur les sols, y mettent leurs mains et leur bouche. Alors oui, le contact avec les microbes est nécessaire pour un bon apprentissage immunitaire mais là, des microbes, il n’y en a plus : la maison est propre, stérile mais très riche en polluants intérieurs.
les risques pour eux sont
- Un asthme précoce.
- Une dermatite atopique.
- Un retard dans le développement des poumons.
- Une sensibilité accrue aux infections.
Quelques conseils :
- Évitez les rénovations pendant votre grossesse.
- Choisir du mobilier certifié A+ ou préférer des meubles anciens
- Utiliser des lessives neutres, sans parfums et sans isothiazolinone ;
- Utiliser des nettoyants simples, sans sprays ;
- Aérez régulièrement, même en hiver.
En résumé,
L’environnement intérieur est devenu un terrain de recherche majeur pour les allergologues. On sait désormais que :
- La prévalence de l’asthme a doublé en 30 ans dans les pays industrialisés.
- L’exposition précoce à des allergènes associé à des facteurs chimiques irritants peut induire une sensibilisation.
- La combinaison « humidité + COV + allergènes » est particulièrement délétère.
L’allergologue moderne ne se contente plus de prescrire des antihistaminiques. Il accompagne ses patients dans l’adaptation de leur habitat, parfois avec l’aide de conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI), capables de cartographier les sources de pollution à domicile.
simplifier, c’est purifier
Assainir l’air intérieur ne demande ni argent, ni gadget miracle. C’est une démarche de bon sens :
- Réduire voire supprimer les combustions, les sprays, les désodorisants.
- Choisir des produits simples, bruts, sans parfum.
- Nettoyer avec méthode.
- Contrôler l’humidité.
- Aérer chaque jour.
Rappelez-vous : On n’est pas allergique à sa maison, mais à ce qu’elle contient.
Et surtout : Un air pur est un air sans rien d’ajouté.
Dans le prochain épisode nous parlerons de l’allergie à l’oeuf
Merci à vous les amis, prenez soin de vous.
L’environnement intérieur, votre maison, votre voiture, votre bureau, est la principale source de substances chimiques polluantes. Je vous propose dans ce podcast de vous promener dans les différents produits, gazs, allergènes, risques qui y sont attachés et, surtout, de vous amener vers des solutions simples et peu coûteuses pour améliorer votre environnement. Un air pur est un air sans.
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